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300                 LOUIS-PHILIPPE   D'OULÉANS.

   Une indiscrétion devenue célèbre a livré à la publicité
quelques-unes des lettres que Louis-Philippe écrivait dans
l'attentedu succès de ces négociations. Ces lettres peignent au
vif les sentiments dont il était alors animé. La répulsion pro-
fonde que lui inspire la domination impériale s'étend jusqu'à la
France elle-même. Il y parle avec une emphase passionnée des
forces coalisées, et forme les vœux les plus ardents pour la
destruction de l'armée française. Il va jusqu'à donner des con-
seils à la coalition pour hâter la chute de Napoléon, et c'est avec
une sorte d'alFeclalion qu'il s'y proclame Anglais par besoin
et par principes. Si la grande expédition anglaise, y dit-il ,
veut prendre avec elle le roi de Sardaigne et lui-même, on
lui fera grand plaisir. Comment enfin douter des vues am-
bitieuses qu'il portait sur les côtes d'Espagne, quand on le
voit briguer à la même époque le commandement d'une ex-
pédition destinée contre les îles Ioniennes, alors occupées
par les Français, et ajouter : « La reine m'a dit : La place est
vide, mettez-vous-y, et je lui ai dit : « Je m'y mettrais bien,
mais il faut qu'on veuille bien m'y laisser mettre » (1) !
   Les velléités belliqueuses de Louis-Philippe rencontraient
en Angleterre un précieux appui dans l'inébranlable dévoû-
ment d'un vieux débris de nos armées, de ce général Du-
mouriez , le régulateur et le témoin de ses premiers exploits.
Presque septuagénaire, mais conservant encore tout le feu
du jeune âge dans un corps usé par le travail et l'intrigue, il
brûlait du désir de reparaître avec éclat sur la scène du monde.
Dumouriez avait sans succès offert ses services aux cours
de Saint-Pétersbourg et de Berlin. Ses vues se tournèrent
alors sur l'Espagne , qui refusa de l'accueillir personnelle-
ment , mais qui adopta avec empressement quelques-uns de
ses conseils stratégiques. Dumouriez persuada au gouverne-

  (i) Lettre du 17 avril 1808.