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LOUIS-PHILIPPE D'ORLEANS. 385 Cette réserve parut sincère au comte d'Artois, esprit lé- ger, mais franc et ouvert, plus disposé à croire au bien qu'au mal. Consulté par le ministre Pitt sur l'autorisation de ré- sidence sollicitée par les fils d'Orléans, ce prince, fidèle sans doute au souvenir de ses liaisons d'enfance avec le duc de Ghartres, avait refusé de se prononcer (1). Louis-Philippe lui ayant fait exprimer le désir de se rapprocher de lui, le frère de Louis XVI l'invita à venir à son hôtel de Welbeck-Street. A des reproches trop mérités sur ses erreurs passées, le duc d'Orléans opposa l'excuse de son âge et des fâcheux exemples qu'il avait eus sous les yeux. Il protesta de son vif désir de rentrer en grâce auprès du chef de la maison de Bourbon, et se déclara prêt à répandre son sang pour gage de sa fidélité. Le comte d'Artois se fit avec empressement le négocia- teur de cette réconciliation. Sous ses auspices, Louis-Philippe écrivit à Louis XVIII, alors retiré à Millau, el implora son pardon avec repentir et respect. Ses avances, froidement ac- cueillies d'abord, triomphèrent par la médiation de sa ver- tueuse mère. « Cette princesse , écrivait Louis XVIII, a été trop grande dans ses malheurs pour recevoir de ma part une nouvelle atteinte qui aurait porlé le désespoir et la mort dans son cœur. J'ai accueilli avec sensibilité les larmes de la mère, les aveux et la soumission d'un jeune prince que son peu d'expérience avait livré aux suggestions coupables d'un père monstrueusement criminel» (2). (i) Moniteur du 16 pluviôse an VIII. (i) Plusieurs historiens et chroniqueurs ont transformé cette simple cor- respondance du duc d'Orléans avec Louis XVIII en une entrevue plus ou moins mystérieuse qui aurait eu lieu à Mittau, et M. de Vaulabelle, dans son Histoire des deux Restaurations (t. I, p. n 3 ), va jusqu'à en fixer la date au 27 juin 1799. A celte époque, le chef de la branche cadette, comme on l'a vu plus haut, n'était point encore de retour sur le continent européen. Des informations recueillies anx sources les plus directes m'ont procuré la certitude que le duc d'Orléans n'était jamais allé à Mittau.