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V4G                 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

ger ce prince à se rendre immédiatement à Paris. « Le len-
demain, écrivait—il, verrait proclamer la république ou le duc
de Reichstadl; jamais plus belle occasion ne pourrait se pré-
senter : il lui fallait choisir entre la couronne et un passe-
port. » Demeuré seul, sur la fin de la soirée, avec trois par-
tisans dévoués du duc d'Orléans, MM. Thiers, Mignet et
Larreguy, ils tinrent conseil. Il fut convenu qu'on agirait
sans délai. On s'assura du silence de quelques journaux, de
la coopération de quelques autres ; et comme M. Laffitte
connaissait assez le prince pour ne pas douter de son aveu,
on fit afficher dans la nuit un écrit rédigé par M. Thiers, où
le duc était présenté comme « un prince dévoué à la révolu-
lion , qui acceptait la charte comme le peuple l'avait toujours
entendue, et qui ne devrait sa couronne qu'à la nation fran-
çaise. » Enfin, il fut décidé que M. Thiers se rendrait le len-
demain auprès du prince, de la part de M. Laffitte, pour le
mettre au courant de ces dispositions.
   Que se passait-il à Neuilly pendant ces événements qui
devaient exercer une influence si décisive sur les destinées de
la famille d'Orléans? Le duc, ainsi qu'on l'a vu, s'y élail con-
finé dans une solitude à peu près inaccessible. Informé, dès
le 29, de la victoire des Parisiens, il crut ou affecta de croire
que la Cour méditait de le faire enlever, et se retira pendant la
nuit dans une maison deVilliers, dépendance de Neuilly (1).
   MM. Dupin et Persil devancèrent M. Thiers à Neuilly, où
ils ne rencontrèrent que les princesses d'Orléans entourées
de quelques intimes du château. M. Dupin rendit compte à
la duchesse Marie-Amélie de l'intention exprimée par plu-
sieurs députés d'appeler le duc d'Orléans à la lieutenance-
générale du royaume, et fil valoir loutes les considérations
qu'il crut propres à déterminer l'acceptation du prince et son

  (1) Deux ans de règne, par A. l'epin, p. 121.