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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. 7 tence sur la terre : le travail et la famille. Travailler et aimer, on n'accomplit pas d'autres fonctions ici-bas.... L'homme sort de chez lui pour lutter, et il rentre de la lutte pour aimer. Il lutte, pour se placer sur son moi, et établir sa personne en face de l'Infini ; il aime, pour mettre sa vie dans l'amour, et ouvrir son cœur à la félicité. Douleur et amour, l'homme ne connut que deux soupirs.... De là les guerres, et. l'universelle misère sur ses chemins : tout ce qui peut multiplier l'effort ! De là la Société , et les affections disposées le long de la vie : tout ce qui peut assurer l'amour ! Son corps lui-même ne verse sur ses traces que des larmes ou des sueurs... Et deux lois portent le monde. Cette liberté, tant demandée sur la terre, n'est que pour favoriser la première ; et cette antique justice, plus douce encore, n'est que pour préparer la seconde. Liberté et charité forment les deux parts de l'homme ; elles accompli- ront les temps. Or voyez que dans le fond deux joies ne sortent plus de l'âme, parcequ'elle se fait vivante sur deux points : la joie qui tient à la personnalité et la joie qui tient au cœur, l'amour-propre et l'amour... La création ainsi posée, celui qui, appartenant à d'autres deux, viendrait pour la première foi sur la terre, n'y verrait effectivement que deux faits universels se lier a l'existence de l'homme, la famille et le travail ; deux choses remplir toute sa vie, la peine et les affections. Aux yeux de l'observateur, ces deux uniques conditions de la vie humaine dans le temps donneront toujours l'induc- tion du but de cette vie au-delà du temps. Dès lors, tout ce qui viendra favoriser en l'âme la force