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16 DE LA DOILELIà DAMS LE TEMPS. deraient le bonheur du Ciel pour souffrir encore pour Dieu... Ce sont les âmes qui d'elle-mêmes se tiennent dans le Pur- gatoire... Nous ne parlons que des flammes de la douleur ; qui n'en a connu les douceurs ! Ah ! qui n'a su combien l'âme se ra- fraîchit à longs traits à la source des larmes ! qui n'a éprouvé, lors qu'elles coulent sur le cœur, un sentiment si vif et si dé- licat de ce que le Ciel veut de nous , que nous sommes prêts à nous donner comme des hosties purifiées. On ne pleure que quand on a trop de choses dans le cœur La douleur avance... et l'homme sent en lui un noyau im- mortel qui ne peut être atteint, qui s'enflamme , qui brille , qui se réjouit à mesure qu'elle croit pénétrer en nous. Et ce point où la douleur s'ouvre sur la joie!!. Vous savez d'où vient l'âme : quand l'émotion descend lout-â-fait au fond, ne soyez plus surpris si l'on trouve le Ciel... (1) Oh ! les lar- mes ne viennent pas de l'homme , je vous le jure! elles ont plongé dans l'ivresse tout un côté de mon cœur— Un tendre ami me répondit un jour : « Remarquez, lorsque l'on a traversé de grandes douleurs, que pour tout au monde l'on ne voudrait pas ne les avoir point souffertes. » Quel beau mystère est dans celte pensée. Comme les doigts de la douleur savent entrer dans le cœur, et pétrissent jusqu'au fond cette pâte sacrée! Mais Dieu pouvait-il le toucher autrement sans qu'il expirât de bon- heur ! Attentive ménagère de mon âme comme lu as su r é - colter tous les fruits de ma vie ! que je sais bien comment tu t'y es prise avec moi : l'inspiration descendait, tu l'arrêtais; l'espoir naissait, tu me l'ôtais ; mes transports, tu les élouf- (i) Homère et Ossian ont chanté les joies de la douleur : « xpuepo'j rj rxpKauetjOx yo'jiv, The jotj 0/grief.»