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khk LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. sort des libertés et des prospérités de la France, qu'il voyait compromises pour cent ans peut-être par une révolution im- minente. Le duc montra plus de foi dans l'efficacité des idées nouvelles et de la division des propriétés, et protesta que, dans aucun cas, « il ne se laisserait reprendre à émigrer pour les fautes des autres (l). » Celte conversation fut interrompue par des désordres qui ne présageaient que trop les dispositions tur- bulentes de la multitude : livrée à elle-même dans les jardins du Palais-Royal, elle jeta les lampions dans le bassin , brisa des grilles et des arbustes, et brûla un grand nombre de chaises. On remarqua avec surprise et curiosité le duc d'Orléans lui- même discourant avec action au sein d'un de ces groupes populaires (2), qui furent en quelque sorte le berceau de l'insurrection de juillet. Les événements se pressaient avec une effrayante rapidité. La France était livrée au tumulte des élections générales ; le bruit menaçant des protestations populaires se confondait avec les accents du Te Deum célébrant la prise d'Alger , seule conquête qui n'eût point été faite au chant de la Mar- seillaise, et la seule aussi qui dût rester à la France au bout de quarante ans de combats, de victoires et de sacrifices. Le 25 juillet, après un mois d'irrésolutions et de débals, furent signées ces fatales ordonnances qui, mal comprises peut-être et mal défendues, devaient rouvrir parmi nous l'abîme des révolutions. Le duc d'Orléans apprit ce coup-d'Elat, le soir même, du marquis de Sémonville, à qui l'avait révélé l'as- pect agité de la Cour (3). Fidèle au caractère essentiellement expectant de sa politique, il se renferma avec soin dans son habitation de Neuilly et y attendit les événements. Lorsque, dans la journée du 28, l'insurrection populaire (1) Une file au Palais-Royal, par M. île Salvandy. (2) Histoire de Dix am, par L. Blanc, t. I, p. 167. (5) Mémoires inédits de M. de Sémonville.