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                      LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.                            443

    Une circonstance que le voisinage des dates lie en quel-
que sorte à la Révolution de 1830, contribua à remettre en
mémoire au peuple de Paris le nom un peu oublié du duc
d'Orléans. Ce prince donna, le 31 mai, un bal splendide dans
les salons du Palais-Royal, au roi de Naples, son beau-frère,
qui revenait avec la reine de Madrid , où ils avaient uni à
Ferdinand VII la princesse Marie-Christine, leur fille aînée.
Le roi Charles X, par une faveur assez rare dans les annales
de l'étiquette, avait consenti à assister à cette fête, qui ras-
semblait près de trois mille conviés. Il fut accueilli par ses
augustes hôtes avec de grandes démonstrations de déférence
et de respect. Mais il dissimula mal l'impression pénible que
lui fit éprouver la présence des principaux chefs de l'opposi-
 tion libérale, qui s'y trouvaient réunis. Cependant, il parut un
instant sur la galerie vilrée et salua la foule, qui répondit par
des acclamations, a Monseigneur, dit au duc d'Orléans M. de
Salvandy, c'est une fête vraiment napolitaine, car on danse
sur un volcan.—Qu'il y ait volcan, je le crois comme vous, ré-
pliqua le duc ; mais au moins la faute n'en est pas à moi ;
je n'aurai pas à me reprocher de n'avoir pas cherché à ou-
vrir les yeux au roi : mais que voulez-vous, rien n'est écou-
té, et Dieu sait où tout ceci nous mènera. » L'entretien se
prolongeant, M. de Salvandy témoigna des craintes sur le


quand je serai roi, que ferai-je pour vous? —Vous me nommerez votre fou,
le fou du roi, afin que je puisse lui dire ses vérités.—C'est charmant. » Et,
dans une autre circonstance, causant dans l'intimité sur le canapé du ban-
quier : «Si jamais je deviens roi et si vous veniez à supposer que l'ambition
ou l'intérêt personnel m'a décidé, j'en aurais le plus profond regret. Mon
bonheur serait que la France fût le pays du monde le plus libre. Les peuples,
mon cher Laffitte, ne haïssent les rois que parce que les rois les ont toujours
trompés.» Et puis, poussant le fanatisme de la liberté jusqu'à la méfiance de
soi, il ajoutait en s'adressant à Manuel : «Cependant, si vous m'y portez,
vous serez bien bêles si vous ne me garrottez pas (Tom.I, page 138.).»