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43'î LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. narque redoutait l'ambition de son cousin, moins par affec- tion pour le comte d'Artois, que par attachement au principe de la légitimité. On sait avec quelle ardeur le premier prince du sang convoitait le titre d'Altesse Royale, dont la privation lui assignait une sorte d'infériorité hiérarchique par rapport à la duchesse d'Orléans, sa femme, princesse d'origine royale. 11 fit agir en ce sens auprès du vieux monarque par le comte d'Artois et la duchesse de Berri. Mais ces instances échouè- rent devant l'opiniâtreté prévoyante de Louis XVIII. « Le duc d'Orléans n'est que trop près du trône, » leur répondit- il, et ce prince mourut sans avoir accordé la faveur désirée, sans avoir voulu faire convertir en loi de rÉtat le litre pré- caire et illégal par lequel il avait mis, quelques années aupa- ravant, la maison d'Orléans en possession de ses anciens apanages. L'avènement de Charles X vint dégager le duc d'Orléans de ces suspicions ombrageuses et raffermir son crédit toujours chancelant à la Cour de Louis XVIII. La duchesse de Berri, qu'une étroite intimité unissait à sa tante, n'eut pas de peine à gagner dans l'esprit de son beau-père une cause que ce prince avait soutenue de concert avec elle. Le nouveau roi accorda avec grâce à son cousin et à tous les princes de sa Dans ma perplexité à ce sujet, j'ai cru devoir vous faire juge de la chose. Parlez donc, mon cousin. » — «Sire, répondit le prince,pour ouvrir un avis profitable sur une question quelconque, il faut la connaître, et je déclare à V. M. ne pas savoir le premier mot de celle-ci. Je suis tellement absorbé par l'éducation de ma famille qui s'accroît tous les jours, que je ne m'occupe nullement des affaires publiques : simple passager sur le vaisseau de l'Etat, je vogue heureux et tranquille en bénissant la main habile qui le dirige. » Louis XVIII sourit à cette réponse adroite, en semblant se dire à lui-même : « J'en ai trouvé un plus fin que moi ( Souvenirs, réflexions, etc., par M. Servan de Sugny). »