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                    L0EIS-PH1UPPE D'ORLÉANS.                           433

    La circonspection de Louis-Philippe se démentit toutefois
dans une conjoncture qui vint contrarier au plus haut degré
ses secrètes espérances. L'infortuné duc de Berri avait expiré
le 14 février 1820, sous le fer d'un assassin. Sept mois plus
tard, la duchesse de Berri mit au monde ce fils dont la nais-
sance parut suspendre toutes les divisions politiques et retrem-
per la vie de la Restauration. Vers celte époque, un journal
anglais, le Morning-Chronicle, publia, sous le nom du duc
d'Orléans, une protestation fort injurieuse contre la légiti-
mité de cet enfant royal. Ce prince s'empressa de la désavouer;
mais cette dénégation rencontra de nombreux incrédules. Une
démarche fort grave acheva de le compromettre aux yeux de
 la Cour. Il crut devoir interpeller le maréchal Suchet, un des
 témoins de l'accouchement, sur le fait môme de sa sincérité.
 La réponse énergique du maréchal parut désarmer ses doutes,
 mais celte démarche, rapportée à Louis XVIII, blessa vive-
 ment la susceptibilité de ce monarque et de sa famille. 11
 fut un moment question d'exiler de nouveau le duc d'Orléans,
 ou de lui interdire l'entrée du Château. Mais ces mécontente-
 ments, calmés par les explications du prince et par les excuses
 de sa sœur, se perdirent bientôt dans des préoccupations plus
 favorables.
  La portée politique du duc d'Orléans n'avait point échappé,
comme on l'a vu, à la pénétration de Louis XVIII (1). Ce mo-


   (1) Voici une particularité assez curieuse que le narrateur tenait de la
bouche même du duc de Larochefoucauld-Liancourt, ami particulier du duc
d'Orléans : «Au fort des attaques dirigées contre le ministère de Villèle, le
roi fit appeler le duc d'Orléans; et, affectant une grande confiance en sou
dévouement et en ses lumières :» — «Mon cousin , lui dit-il, je counais votre
affection pour moi aussi bien que la certitude de votre jugement, et je n'ai
pas hésité à m'adresser à vous pour vous demander conseil dans une grave
circonstance. Mon premier ministre Villèle est vivement attaqué dans les
Chambres, et je ne sais si je dois le conserver ou lui donner un successeur.
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