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DU NOM DES ACTEURS. 405 publié ses premiers apologues sous le pseudonyme de Valamont ; 3° Qu'un obscur plébéien tienne à mettre ses œuvres sous la sauve-garde d'un comté, d'une baronnie, voire môme d'un duché, afln d'en imposer aux niais nombreux pour qui les titres remplacent le mérite ; sans doute cette prétention commence à devenir fort ridicule, toutefois j'en comprends le but, si j'en blâme l'orgueilleuse faiblesse. Mais que gagne donc M. Eugène Guinot à se baptiser Pierre Durand? En vérité, malgré la vulgarité de la compa- raison, l'on ne peut s'empêcher de dire à propos de celte inconcevable métamorphose, c'est bonnet blanc pour blanc bonnet. A moins toutefois que le charmant auteur ne tienne à avoir deux noms, pour atteindre plus sûrement les lecteurs comme l'adroit chasseur qui porte un fusil à deux coups est plus certain de ne pas manquer le gibier. De môme, un très-sévère critique de Paris signe Old Nickl Old Nickl en vérité, il n'est pas si malin, car il n'avait qu'à se baisser et prendre parmi les noms les plus doux ou les plus sonores ! Cette bizarrerie rocailleuse m'a souvent remis en mémoire les vers où Boileau se moque d'un auteur qui avait également choisi pour héros de son poème un homme très-rudement baptisé. -« Oh! le plaisant projet d'un auteur ignorant « Qui, de tous ces héros, va choisir CHILDEBR.AND ! Old-Nick ! jamais ce critique n'écorchera un pauvre diable des coups de sa férule comme il lui écorchera les oreilles armé de son nom; se figure-t-on ce moderne Geoffroi annoncé dans un salon sous son pseudonyme du National ! ce serait à faire frémir toute une assemblée. En conscience, j'aimerais mieux ne pas m'appeler du tout que de m'appeler ainsi ! et l'anonyme serait alors de bon goût. Un dé nos compatriotes qui a pris parmi les vaudevillistes