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380 LOUlS-PHItIPPK D'ORLÉANS. La réconciliation du duc d'Orléans avec les frères de Louis XVI abaissa les barrières qui le séparaient depuis tant d'années des princes de la grande famille européenne. Tout parut effacé par les paroles de clémence et d'oubli que l'au- guste chef de la maison de Bourbon avait fait entendre. Louis-Philippe fut présenté par Pitt'au roi Georges III, qui le reçut dans un grand lever tenu spécialement à cette occasion. Les autres membres de la branche aînée, et particulièrement le ducdeBerri, affectèrent de traiter ce prince et ses frères avec une expansive cordialité , et cet accueil dissipa insensi- blement les préventions malveillantes que l'émigration , et, à son exemple, quelques membres de la haute aristocratie anglaise, avaient conçues contre eux. Enfin, le duc d'Orléans et ses frères furent compris pour une somme annuelle de deux mille livres sterling dans la répartition des secours ac- cordés par le gouvernement britannique aux princes exilés : avantage qui dut leur sembler précieux eu égard à l'état de dénûment où ils se trouvaient réduits. Les trois princes essayèrent alors de réaliser le projet qu'ils avaient formé d'aller visiter leur mère en Espagne. Ils s'em- barquèrent pour Minorque sur une frégate que le ministère anglais mit à leur disposition , et réussirent à aborder sur les côtes de la Péninsule. Mais le cabinet espagnol envisagea avec défiance, malgré son innocuité réelle, une démarche entreprise sous les auspices d'un gouvernement ennemi, et les exilés, déçus dans leur espoir, se virent forcés de revenir à Twickenham attendre des circonstances plus favorables. La conduite du duc d'Orléans ne démentait point, il faut le reconnaître , ses protestations de retour aux principes de la légitimité. Le 23 avril 1803 , il adhérait par sa signature, de concert avec les autres princes de la maison de Bourbon, à la réponse noblement négative de Louis XVIII aux pro- positions de Napoléon Bonaparte qui lui avait fait offrir la