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LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. 387
principauté de Lucques, en échange de ses prétentions au
trône de France. Celle adhésion mémorable se terminait ainsi:
« Si l'injuste emploi d'une force majeure parvenait, ce qu'Ã
Dieu ne plaise, Ã placer de fait et jamais de droit sur le
trône de France toute autre que notre roi légitime, nous
suivrions avec autant de confiance que de fidélité la voix de
l'honneur qui nous prescrit d'en appeler jusqu'Ã notre der-
nier soupir à Dieu, aux Français et à notre épée. »
Une affreuse catastrophe, l'assassinat juridique du duc
d'Enghien , qui eut lieu l'année suivante, mit le duc d'Or-
léans à même de faire éclater son aversion pour le soldat
heureux qui, du corps sanglant d'un Français, s'était fait
un marchepied au trône de France (1). « L'usurpateur corse,
écrivait-il à cette occasion à l'évoque de Landaff, ne sera ja-
mais tranquille, tant qu'il n'aura pas effacé notre famille en-
tière de la liste des vivants (2). »
Mais ces manifestations n'étaient que le prélude des gages
plus directs que ce prince, suivant avec ardeurla voie nouvelle
où il était entré , devait bientôt offrir à l'esprit contre-révo-
lutionnaire.
Le bonheur paisible dont il jouissait dans sa retraite de
Twickenham fut troublé par la perle du duc de Montpen-
sier, son frère, qui mourut à Salthill près de Windsor, le
18 mai 1807 , d'une maladie de poitrine. Louis-Philippe le
fit enterrer avec honneur à Westminster, où, quelques années
plus tard, ses soins lui érigèrent un mausolée. A celte époque,
la santé du comte de Beaujolais, altérée par une affection
analogue, commença a inspirer de sérieuses inquiétudes. Les
médecins lui conseillèrent une température plus douce que
celle de labrumeuse Albion. La guerre ne laissait d'alternative
(i) Chateaubriand.
(a) Lettre du 28 juillet 1804.