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22*2 LETTRES S0K LA SARDAIGNE. sur toutes les collines, les plus inaccessibles parfois du Cap- Supérieur, ont la forme d'un cône immense ; et quelques- uns encore recouvrent parfaitement des chambres intérieures, dans lesquelles on peut pénétrer. Quelle était leur destina- tion ? Étaienl-ce des tombeaux ? étaient-ce des temples ? M. de la Marmora , dans son bel ouvrage sur les anti- quités sardes, leur consacre un article savant et plein d'in- térêt, mais qui ne donne sur ce point aucune certitude. Au fait, l'explication est difficile. Les Nuragues ne présentent pas la moindre inscription, pas le moindre hiéroglyphe, pas même quelques-uns de ces caractères cunéiformes, qui se prêtent avec tant de complaisance aux explications variées des savants. Les idoles phéniciennes, les antiquités d'Iglesias et les Nuragues surtout, qu'elle seule possède, font de la Sar- daigrse une véritable terre promise pour les savants archéo- logues. Dans les îles Baléares , on trouve, dit-on, ces mêmes ruines pélasgiques, mais je n'ai pas vu que George Sand en fit mention dans son livre des Majorquins. Paoli-Lalino est un grand village dépeuplé, qui porte en- core les traces d'un passé plus heureux. On y rencontre quel- ques maisons construites en pierres de taille , avec balustres et corniches : mais ruinées avant même d'avoir été achevées, et une fontaine ornée de mascarons à barbe limoneuse , qui semblent attendre encore que l'eau vienne à leur bouche béante. Le village ne possède aucun monument, aucune an- tiquité remarquable : son église , pourtant, petite et misé- rable a tout le charme religieux d'une église gothique. Mais si Paoli-Latino est pauvre en monuments et en antiquités , il est, au contraire, très riche en religieux de tous ordres. Une vingtaine d'abbés et de desservants vivent là aux dépens de quelques centaines d'habitants qui se trouvent ainsi con- damnés à travailler pour l'amour de Dieu et de son clergé ; mais ils ont au moins la consolation de voir que leur travail