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178 »E L'USAGE DES EAUX THERMALES
qui demande quelques développements. Il dit des eaux minérales,
qu'elles ont peuplé l'Olympe de nouveaux dieux, et la terre de
villes nouvelles : Augent numerum deorum nominibus variis,
urbesque condunt, sicut Puteolos in Campania, Statyellas in
Liguria, Sextias in Narbonensi provincia.
Pour commenter la première de ces deux observations, re-
connaissons d'abord le caractère essentiellement religieux que
l'antiquité attribuait à ces eaux. Selon Àristote, on regardait
comme sacrées toutes les sources thermales ; et Sénèque dit
aussi: colunturaquarumcalentium fontes. Athénée nous apprend
qu'elles étaient consacrées à Hercule ; et Strabon le dit en parti-
culier de celle qui donna son nom aux Thermopyles. Cette con-
sécration est attestée encore par des inscriptions assez nombreuses.
Quelquefois elles étaient consacrées à Apollon, comme il paraît
par un passage d'Eumène, ainsi que par les noms à 'Aquœ
Apollinares et A'Aquœ Solis. Les nymphes que leur nature
attachait aux eaux n'en conservaient pas moins leurs droits :
c'est à elles que s'adressent le plus souvent les vœux des malades
guéris, exprimés par des inscriptions qu'ils leur consacraient ;
j'en aurai plus d'une à signaler : les noms des lieux y forment
quelquefois un surnom donné à ces nymphes. On peut rapporter
au même culte les autels votifs dont la dédicace est ainsi for-
mulée : AQVIS, ou FONTIBVS, quelquefois avec des indications
plus précises. Enfin, à une époque où le droit de divinité était
accordé aussi facilement, au moins, que celui de bourgeoisie, la
superstition avait singulièrement multiplié les dieux locaux, dont
quelques-uns, sous divers noms, étaient les protecteurs spéciaux
des sources chaudes. On en connaît plusieurs dans les Gaules,
par des inscriptions découvertes auprès de nos eaux thermales ;
et peut-être ailleurs beaucoup d'autres, révélés également par
des marbres antiques, avaient-ils aussi de semblables attribu-
tions. Tout cela justifie pleinement l'assertion de Pline : Augent
numerum deorum nominibus variis.
Quant à ce qu'il ajoute, de villes que les eaux avaient fondées,
les trois qu'il nomme à l'appui de ce fait ne sont assurément pas
les seules. Dans cette belle Italie, si riche en ce genre encore au-