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                               DE ROME.                              165
la neige, dans la mémorable nuit du 5 août CCCLII, lomba abon-
damment à Rome. Le lendemain malin, les premiers rayons du
soleil la firent disparaître de partout, excepté du faîte de l'Esquilin.
Cet emplacement encore couvert de neige, figurait celui d'une ba-
silique, et Libérius la fit bâtir à la suite d'une vision qu'il partagea
avec Joannes Patrizius. C'est ce qui fit appeler le temple Sancta
Maria ad Nives. On la connaît aussi sous les noms de Libériane,
du nom de son fondateur, de Sancta Maria ad praesepe, et de
Sixtine, parce que Sixte III la plaça dans des conditions où elle est
aujourd'hui. Ce fut le pape Benoît XIV qui l'orna de marbres et de
stucs dorés.
    La basilique Libériane est une des quatre basiliques ayant la
porte sainte, l'une des sept majeures et la quatrième en hiérarchie
des cinq patriarchales. Sous la couche d'art moderne qui l'en-
 veloppe à l'extérieur et qui a eu le bon esprit de respecter plus
qu'en aucun autre temple ses régions internes, la vieille ossature
 de la basilique sixtine est toujours apparente. La manie papale et
romaine de donner la forme carrée aux baies cintrées des temples
chréliens ne l'a point atteinte, ses fenêtres ont gardé l'arc demi-
circulaire ; cependant les vitres qui les ferment sont monstrueuse-
 ment grandes et carrées, comme des vitres de palais. Si, du moins,
ces verres incolores offraient de petits compartiments en losanges,
avec armatures de plomb, ils seraient supportables ; mais ce genre
de fénestrage est inconnu à Rome. C'est ce qui me fait dire qu'il ne
manque à la basilique de Sainte-Marie-aus-Neiges, que les ver-
rières peintes de nos cathédrales gothiques. Ce qui manque à ses
échos aussi, c'est le chant dogmatique, c'est la langue sacra-
mentelle de l'église, le plain-chant. Oh! pourquoi les acémètes
d'Orient, folausperennis, la psalmodie perpétuelle qu'on entendit
jadis dans l'abbaye d'Agaune, dans celle de Saint-Marcel-lès-
Chalon, Saint-Bénigne de Dijon, Saint-Symphorien d'Autun, dans
l'abbaye de Luxeuil, ne retentissent-elles plus à travers ces trente-
six colonnes ioniques de marbre blanc qui la partagent en trois
nefs; ces quatre colonnes de granit qui soutiennent les arcs du
transsept, dans cet augusteum vêtu de mosaïques à fond d'or, sous
ces deux magnifiques coupoles qui abritent sa croisée, dans cetlo