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NAPOLÉON A LYON. 127 instructions de Camille lui faisant un devoir de ne les remettre qu'au maréchal lui-même, il insista tellement pour lui être pré- senté qu'il fut enfin conduit en sa présence. Le duc de Rivoli le reçut très-sèchement et, lorsqu'il eut pris connaissance des ordres de Napoléon, sa mauvaise humeur fut évidente. 11 congédia presque brutalement le pauvre courrier qui s'était flatté d'un accueil bien différent. Comme la plupart des généraux de l'empire, Masséna s'était promptement accoutumé aux douceurs du repos ; il avait cru qu'il lui serait permis de s'endormir tranquillement sur ses lauriers de Zurich et de Rivoli, et dans les souvenirs de sa belle défense de Gênes, il avait espéré qu'il n'aurait plus dé- sormais qu'à jouir en paix de sa gloire passée et' de ses im- menses richesses ; le retour de Napoléon détruisait subitement ses nouveaux rêves d'avenir ; il n'est donc pas étonnant qu'il se montrât excessivement contrarié d'un événement qui, l'arrachant à ses projets de quiétude, allait le jeter encore une fois dans toutes les agitations de la vie militaire, dans tous les hasards de la guerre. Masséna pourtant n'était pas homme à se tourner contre celui à qui il devait ses titres et ses honneurs ; il obéit donc, mais ce fut de la plus mauvaise grâce du monde. De retour à Lyon, Camille n'eut à rendre compte de sa mission à personne, mais, comme j'avais dû la partager, il m'en raconta toutes les particularités, en me félicitant d'avoir échappé aux ennuis qu'elle lui avait causés et surtout de n'avoir pas eu à supporter le ton bourru de M. le maréchal. Camille concluait de sa triste ambassade qu'il en est de certaines célébrités comme de ces lanternes allumées pendant la nuit qui, aperçues de loin, ressemblent à d'immenses foyers de lumières, mais qui, lorsqu'on en approche, ne sont en réalité que de ternes et pâles lumi- gnons. Mais le voyage de Toulon eut plus tard un résultat autrement fâ- cheux pour Camille que l'espèce de désappointement qu'il en avait, rapporté. Chacun sait que, à la suite des déplorables événements provoqués à Lyon en 1817 , une petite terreur royaliste y fut