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NAPOLÉON A LYON. 121 Il fut convenu que nous accompagnerions cet aigle d'une • adresse à la garde impériale et que je serais chargé de la rédaction de cette adresse. Pendant qu'on travaillait ainsi activement à la confection de l'insigne impérial, c'est-à -dire le 12 mars, je reçus la visite de mon regretable ami, Camille A « Je viens, me dit-il, te faire part d'une affaire dans la- quelle je t'ai fourré sans te consulter, mais d'où tu seras libre de te retirer, si tu ne veux pas t'y engager plus avant. « Et quelle est cette affaire, mon cher Camille ? » L'Empereur a besoin de trouver parmi les Lyonnais deux hommes sur lesquels il puisse compter pour remplir secrète- ment une mission dans le midi ; il ne voudrait y employer aucun de ses officiers parce que, dans les circonstances actuelles, les allures militaires dont ces messieurs ne parviennent jamais à se défaire entièrement, éveilleraient sans aucun doute les soupçons de ces diables de Provençaux et risqueraient fort de compromettre l'ambassade et les ambassadeurs. Le général Drouot, avec lequel tu m'as laissé hier soir, s'est ouvert à moi sur les intentions de l'Empereur ; je me suis offert pour faire le voyage et je t'ai proposé pour t'y associer. Ac- ceptes-tu ? « Certainement et bien volontiers. Mais apprends-moi en quoi doit consister la mission qui nous sera confiée. » Je ne le sais pas encore bien moi-même, mais le général Drouot, chez lequel tu vas m'accompagner, nous mettra au courant de ce que nous aurons à faire. » < Nous nous rendîmes chez le général que nous trouvâmes avec le maréchal Bertrand. Ces messieurs nous expliquèrent en quoi [nous pouvions servir l'Empereur : il s'agissait d'aller à Toulon porter au maréchal Masséna un ordre de Napoléon. — Il semble!d'abord, nous dit Bertrand, qu'il ne soit pas nécessaire d'envoyer deux exprès pour une chose aussi simple ; mais dans l'incertitude où l'on est encore sur les dispositions des esprits dans les départements méridionaux , un peu de précau-