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80 DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. saura jamais comprendre le vrai mystère en ce monde... (1). Là n'est point toute l'idée... Il faut trouver ses racines on- tologiques à cette antique et inébranlable doctrine des œu- vres surabondantes, Operum supererogationis. Une telle pensée , recueillie par l'Eglise , ne sortit pas vainement des entrailles du genre humain ! DES mondes inombrables circulent au-dessus de nos têtes, des créatures inombrables doivent les habiter ; et toutes ne constituent qu'une seule création au sein de l'absolu. Dans la nature on ne voit qu'une loi, les êtres sont placés aux dif- férents degrés de cette loi ; et au sommet de l'échelle ne trouve l'être qui les complète et explique toute la loi. Or, comme l'univers physique, avec ses myriades d'étoiles éclairant autant de globes habités, se rattache, de système en système solaire, à un centre qui détermine tout; que savons-nous si le monde moral, avec ses myriades d'êtres placés dans le sentier de la création , ne se rattache pas , de races en races d'âmes, à une seule race qui décide de tout ? De même que, par l'unité de l'être et la communion des saints , une solidarité intime réunit tous les hommes qui ont habité ce globe ; que savons-nous si une solidarité univer- selle n'existe pas entre toutes les créatures intelligentes r é - pandues sur les globes, à cette fin que l'homme, cet être (i) Dans son chant du Paradis, le Dante exprime l'idée suivante: « Dans le ciel de la paix se meut une essence, dont la vertu renferme l'être de tout ce que l'être lui-même contient. « Le ciel suivant, qui a tant d'étoiles, distribue cette essence entre diverses substances, d'elle distinctes et en elle contenues. « Les autres cieux disposent de diverses manières les distinctions qu'ils renferment, et les mènent vers les fins qui leur sont assignées. » Le Paradis, chant II e .