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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. 65 Ah ! s'écrie-l-il , cetle existence si arnère est-elle réelle- ment un bien ? et si je songe que le genre humain pourrait- être en partie perdu Mais au fait, voudrais-je moi-même être assis aux Gieux à côté des ignobles et des scélérats?... Il faut bien que le mal se perde ! Il est évident que l'homme fait du mal : et il est évident qu'il devait être libre !... Doutant alors de l'excellence des destinées, il secoue triste- ment la tête, comme s'il disait : Peut-être eut-il mieux valu que l'homme ne fut pas ! — Sincèrement , la question n'est-elle plus que là ? Dieu l'a résolue : il a créé ! ! Fils de l'Etre , vous perdriez l'espoir ! Soupçonner la valeur de l'être, quel oubli de l'absolu Tu es, a dit Goethe , tiens-toi heureux de cetle idée ! Mais comme la douleur est irrésistible et souvent surabon- dante, la volonté et le cœur la regardent avec effroi. Le Juste s'écrie quelquefois dans son amertume : « Dieu n'aurait-il pu créer de telle sorte que le mal n'eût pas existé ? » Mais il a bien fallu que Dieu créa l'homme libre ! Or, la liberté n'est que le pouvoir remis à l'homme de faire le bien quand il aurait la possibilité de faire le mal : et l'homme a voulu faire le mal... Toutefois la question se poursuit ainsi : « Dieu n'aurait-il pu donnera l'homme une volonté libre également, mais en l'entourant de si grands secours qu'elle se fut immanquable- ment portée vers le bien ?» Eh ! certainement non , puisque l'homme aurait été moins libre , conséquemment moins mé- ritant ! Le degré de liberté ici-bas fail noire degré de gloire dans l'absolu (1). (i) Toutefois il faudrait faire attention qu'on ne peut mettre en ques- tion les lois premières, sans blesser la raison. Notre intelligence veut- fille se porter juge dans l'absolu ? Si nous soulevons le doute des premières notions rationnelles , comment pourrons-nous, ensuite, nous servir de la raison? Les lois du monde physique répondraient au besoin de la perfection S