Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.278

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   Les paysans répondirent à cet appel et se levèrent en
niasse.
   La Thuringe, l'Alsace, une partie de la Saxe, la Lorraine,
le Palatinat se soulevèrent ; les champs étaient couverts de
tentes rustiques d'où s'exhalaient, au lieu de cris de guerre,
des cantiques sacrés. Les paysans accouraient en chantant,
armés de pieux qu'ils coupaient dans les forêts, et gardés dans
leurs camps par d'épaisses murailles de charrettes élevées en
guise de retranchement: ils disaient que Dieu, le jour du
combat, saurait bien les couvrir de son bouclier. Dieu sem-
blait combattre pour eux ; la victoire leur eut bientôt fourni
des lances, des piques, des chevaux et jusqu'à du canon. Mais
quelle artillerie eût valu cette parole ardente de quelques-uns
 de leurs chefs, qui balayait devant elle les campagnes, les
dépeuplait pour jeter les habitants dans la révolte. Slork n'é-
 tait plus. On dirait que la nature crée exprès des âmes pour
ces temps d'orages, et qu'elle les tient en réserve pour les
montrer quand ils sont près d'éclore. Voici un homme tout
 nouveau qui se présente au nom du ciel pour remplacer le
 prophète absent : c'est un renégat du catholicisme qui se dit
 en commerce avec le seigneur qui lui révèle sa volonté dans
 des songes. Pfeifer ne va pas chercher ses inspirations dans
 la Bible, il raconte les merveilles de son sommeil, et ce récit
 soulève la multitude. On le remplaça par un renégat nommé
 PfifFer, qui avait le don des songes, et qui, au lieu de haran-
 guer, racontait celui que le ciel venait de lui envoyer.
    Toici une de ses visions :
   — J'ai vu, dit-il, un nombre prodigieux de rats qui allaient
se jeter sur une grange pour en dévorer les grains ! Princes,
vous êtes ces rats qui nous pillez ; magistrats, vous êtes ces
rats qui nous opprimez ; nobles, vous êtes ces rats qui nous
dévorez. Mais pendant le sommeil, je me suis élancé sur
ces bestioles, j'en ai fait un grand carnage : aux armes d o n c !
hors de vos camps ! Israël, à vos tentes ! voici le jour du com-
bat ; tombent nos tyrans et leurs châteaux ! Un riche butin