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Et la sainte amitié, vin des vignes du ciel,
Circulait entre tous au banquet fraternel.

Or, celle qu'on nommait Marie et Magdeleine,
Perle de beauté rare , et fleur de douce haleine,
Femme qui par le cœur avait beaucoup péché,
Magdeleine était là, triste et le corps penché ;
Cette ame avait tari plus d'une source amère,
Avant de rencontrer l'onde qui désaltère,
Et sa soif, survivant à mille espoirs déçus,
Puisait avec amour aux leçons de Jésus.
A genoux, et joignant ses deux mains, l'humble femme
Priait et soupirait, du profond de son amo ;
Tremblante , se voilant sous l'or de ses cheveux ,
Elle cherchait les yeux du Christ avec ses yeux ;
Courbait son front rougi par une intime fièvre,
Sur les pieds de Jésus purifiait sa lèvre,
Et pleurait doucement le passé plein d'ennui
Où ses larmes coulaient pour d'autres que pour lui.
Jésus était pensif; or, la sœur de Lazare
Dans un vase d'albâtre avait un baume rare
Apporté du désert, et, plus loin que Memphis,
Fait d'une fleur qui croît au bord des Oasis.
Le parfum s'épurait dans l'urne diaphane ;
Elle l'avait gardé de tout emploi profane ,
Et venait à la fin, son jour s'étant levé,
Au Dieu de son attente offrir l'encens sauvé.
Dans un épanchement de douleur et d'extase,
Sur le corps de Jésus elle rompit le vase ;