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à traîner encore leurs chaînes de régions en régions ; ils pleu-
raient d'amères l a r m e s , ils aspiraient au néant de la t e r r e ,
au repos de la t o m b e , à la clémence des cieux ; l'immolation
chrétienne leur tenait lieu de suicide, e t , semblable à ces
victimes que le paganisme chargeait de fleurs et de bande-
rolles,ils marchaient résignés versle couteau du sacrificateur;
sanglantes hécatombes offertes à celui qui prêcha la paix, le
pardon et l'amour. Il y a dans l'histoire des Juifs je ne sais
quoi d'inextricable partout ailleurs qu'en la pensée de Dieu.
Chaque homme est enveloppé dans les desseins de la provi-
dence, qui tient compte des leçons ou du malheur des temps,
chaque siècle jette à ceux qui le suivent ses instructions
consolantes ou terribles. Dieu parlait alors à Israël avec
son tonnerre, il l'eclairait des éclats de sa foudre. Les coups
frappés sur les enfants de Juda dévoyés retentissent encore :
la nation juive de notre époque les écoulera-t-elle?
   Ce douzième siècle fut marqué par la découverte de vingt-
quatre livres sacrés tirés de la Bible par Hillel. On a prétendu
que ce précieux ouvrage avait été trouvé en France, dans le
royaume de L y o n , au milieu des tourmentes d'une persécu-
tion. Basnage pense qu'il est ici question du royaume de Laon,
attendu , d i t - i l , que les Juifs n'étaient pas alors persécutés
à Lyon. Cet auteur se t r o m p e ; j'ai cité les proscriptions de
1137 et 1182; l'autorité ecclésiastique de notre ville^ liée
sous plusieurs rapports à la tendance des princes français ,
aurait-elle dans cette circonstance fait acte de magnanimité,
aurait-elle ouvert un refuge aux exilés ? je ne le pense pas.
Les auteurs lyonnais , avides de rechercher les moindres tra-
ces d'événements pour les grandir de leurs présomptions,
n'auraient pas gardé le silence sur cette invasion juive. Mais,
d'un autre c ô t é , jamais il n'exista de royaume à Lyon, et je
ne p u i s , sur une bien vague assertion, revendiquer pour la
colonie juive de notre ville l'honneur de la découverte des livres
d'Hillel. A ce sujet j'observerai que la littérature hébraïque fut
autrefois négligée par nos marchands juifs. Cordoue produisit