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                     SOUVENIRS D'ALGER                            561
commandement comme la plus haute des faveurs, toute révolution,
tout désordre de rue devient impossible. Messieurs les internatio-
nalistes, communistes, anarchistes, collectivistes et autres fumis-
tes, tenus en respect par ces baïonnettes inintelligentes, se rési-
gnent à chercher leurs moyens d'existence ailleurs que dans l'agi-
tation des repris de justice et des imbéciles. Le pays, périodique-
ment bouleversé depuis si longtemps retrouve son assiette et ne la
perd plus. Quelle merveilleuse économie de sang et d'argent !
Quelle avance sur les autres nations qui n'ont pas pareille pépi-
nière d'excellents gendarmes ! Et qu'on ne craigne pas de voir ces
soldats Arabes et Kabyles devenir, une fois rentrés chez eux, des
fauteurs d'insurrection ; après deux ans passés sous le drapeau
 de la France, son charme opère, et on l'aime, fût-on le dernier
 des sauvages, jusqu'à la mort.
   Voilà mon idée, simple et lumineuse comme toutes les idées
 grandes ! Je la livre sans restriction, sans brevet, au gouverne-
 ment du jour qui s'empressera, je le crains, de n'en tenir aucun
 compte. « Quos vult perdere, Jupiter dementat. »


   Ici finit le travail de Richard qui, par son originalité et son
évidente bonne foi, à défaut d'autres mérites, nous a paru valoir
mieux que la nuit du portefeuille où il voulait l'ensevelir ; ses con-
fidences posthumes nous ont permis d'y ajouter un petit chapitre
intime qu'il n'était pas en goût d'écrire.

                                         JOSEPH M A I R E .