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                                BIBLIOGRAPHIE                                      417

résumera la poésie croate moderne, aux czardas hongroises des Tziganes...
Mais ces souvenirs me captivent moins que les précédentes études. La faute
en serait-elle à ce que le trait qui les fixe aux regards est plus léger, plus
fantaisiste ?.. Je ne me prononcerai pas. J'en recommanderai néanmoins avec intérêt
la lecture, car ce sont les parties d'un tout qu'on ne saurait louer assez pour sa
variété charmante et son artistique nouveauté.          PAUL MARIÉTON.




          CAUSERIES SUR L'ART DE LA CURIOSITÉ, par EDMOND BOINNAFFÉ.
                       Paris, A. Quantin. — Prix : 10 fr.

   Du temps que j'étais encore sur les bancs du collège — il y a bien
longtemps     de cela — 'notre collaborateur , M. Léopold Niepce, publiait
dans la Revue du Lyonnais        ses BIBLIOTHÈQUES DE LYON. Je ne jurais alors
que par l'archéologie, et il me souvient d'avoir passé de longues heures à méditer
les progrès de ce travail qui devait constituer un vrai monument lyonnais. Depuis
cette publication, M. le conseiller Niepce n'a rien donné de plus important à
l'histoire locale que ses Chambres des merveilles, dont nous lisions les dernières
pages dans le numéro du 15 août. P a r ces deux ouvrages il s'est constitué l'his-
toriographe des amateurs de Lyon, c'est-à-dire de tous les esprits qui y ont cul-
tivé ou encouragé les arts et les sciences, pendant les quatre derniers siècles.
   Depuis quelques années, en effet, et en présence de l'accroissement consi-
dérable des collectionneurs et des curieux, il s'est trouvé des hommes assez
patients pour leur prouver au moyen d'anecdotes et de généalogies, que l'armée
du goût elle-même avait un honnête passé. Dans cette famille d'érudits, il
convient de placer au premier rang M. Edmond Bonnaffé. Il était déjà bien
connu par ses deux volumes sur les Collectionneurs de l'ancienne Rome et de
VAncienne France quand il publia dernièrement ses Causeries sur l'art et la
curiosité. C'est ce dernier ouvrage que nous voulons étudier.
   Moins profond et aussi moins vulgarisateur que M. L. Niepce, M. Ed. Bonnaffé
est,en général, plus littéraire, plus fantaisiste et, pour ainsi dire,plus anecdotier.
Dans ces Causeries, nous suivons dans ces doctes caprices une plume alerte et char-
mante passant d'un dialogue (imité de Fénélon) entre l'architecture d'autrefois,
artistique et désintéressée, et l'entreprise moderne, personnifiée par Ducerceau
et Dumanet,     à une agréable dissertation (Suburbanum)           sur la  villégiature
depuis les Romains jusqu'à nous. Mais nous serons sobres d'exemples, ne voulant
pas déflorer l'exquis intérêt du volume, tout de fantaisie et d'imprévu. Nous
terminerons seulement en recommandant la lecture de deux chapitres aisément
reconnaissables parmi les tout premiers du recueil : Le pour et le contre -et Les
Guenons. Dans Les Guenons, M. Ed. Bonnaffé accompagne rapidement mais
aimablement, Vartiste, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours; chez les
Romains, plus religieux, plus positifs qu'adorateurs des Muses, jaloux d'ailleurs
et avant tout des Grecs ; dans la première civilisation du Moyen Age où l'Eglise
seule encourageait les arts contre la barbarie féodale et l'indifférence des Uni-
versités; aux seizième et dix-septième siècles enfin, où ils retrouvèrent leur place
légitime. C'est, au contraire, une sorte de dialogue, plutôt qu'une dissertation,
        OCTOBRE 1883.    — T. VI.                                           27