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380 LA R E V U E LYONNAISE
et Phébus. On ne pourrait pas dire qu'il croie en Dieu, s'il ne le
reconnaissait pointa sa façon, en le blasphémant. Ce troisième pa-
ganisme, où Voltaire seul est Dieu, sent le brelan et le lupanar, en
attendant l'échafaud promis au paieu André Chénier...
Depuis, l'ornière païenne, mal comblée un moment, se creuse Ã
vue d'œil, pleine maintenant de fange, pleine bientôt de sang peut-
être... Oh! quand renoncerons-nous au paganisme, à toutes ses
œuvres et à toutes ses pompes, pour être uniquement chrétiens, en-
tièrement chrétiens, chrétiens en tout et partout, chrétiens par
pensée, par parole, par action, par écrit?
Vous ne connaissez pas Oriens. Quand il s'enflamme, vous le
croyez étrange, il n'est qu'inspiré; violent, quand il s'indigne, il
n'est que généreux ; chagrin, quand il se plaint, il n'est que sen-
sible. Oriens est impressionnable, mais' impressionnable. Ce qu'il
en paraît est peu ; c'est en dedans, « dans ce milieu où git le cœur »
qu'Oriens est surtout vif. C'est là sa partie douloureuse. Oriens aime
à la folie le vrai, le bien, le beau. Tout ce qui est faux, mauvais,
hideux, le fait bondir et s'écrier : Tout ce qui pourrait être très bon,
et ne l'est qu'un peu; très vrai, et ne l'est pas assez; très beau, et
ne l'est qu'à demi, le contriste. Ah! laissez-lui ses répugnances et
ses tristesses de nature fière, délicate et noble! Ne craignez pas
qu'il soit tellement contagieux! Les exemples ni les enseignements
ne manqueront point pour dissuader ou pour corriger ceux qui
voudraient imiter Oriens !
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Ce que nous savons est court; ce que nous pressentons, im~.
mense : par là le poète déborde sur l'érudit.
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Deux sortes d'écrivains ont du génie : ceux qui pensent et ceux
qui font penser.
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Le soleil n'entre pas de plain pied dans sa gloire ; il lui faut