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DES VERBES DANS NOTRE BON P A T O I S LYONNAIS 37 Se benaisî, manger à sou benaise ; Abuisî, amuser; Neisi, rouir le chanvre 5 S'apraui, s'étendre, faire le paresseux ; Pisst (parlant par respect), pancher de l'eau , Dépillorci, dépillockcr; S'acassî, se courber en deux ; Cabosiî, cabosser; Crossi, bercer ; Pel&sst, mettre des petas ; POMÎ, teter; Gau*sî, railler. Cette particularité des sifflantes d'engendrer î paraît moderne. Outre qu'on n'en trouve pas trace dans les anciens documents (Marguerite a confessar, passa/*, pensar), elle souffre encore beaucoup d'exceptions : penso, penser, aviso, regarder, voir ; abouso, s'écrouler; bussd, pousser; delouso, enlever les luses; poso, poser, etc. Ce qui marque bien le caractère d'évolution de ce mode de for- mation, c'est que des mots ont les deux formes en î et en 0 : crossî, crossâ, bercer. Afforcm, confirmer avec force (ad fortiaré), est donné par Cochard, concurremment avec la forme afforc?, qui a pris complètement le dessus, du moins aux environs de Lyon, depuis que Cochard écrivait son vocabulaire, il y a quelque sep- tante ans. Nous voyons là le phénomène signalé dans chouchia, à propos de la neuvième règle ; afforcia est la forme archaïque. SCHOLIE. La sifflante appelle i de nécessité, toutes les fois qu'elle-même, comme on le peut le voir dans les sept premiers exemples, est précédée soit d'un i, soit d'un yolte, c'est-à -dire d'un i ou d'un y qui n'existait pas dans le type latin, du moins à l'état de voyelle syllà bique. Cephénomène s'estproduit dans se quam, se taire, dérivé de quies. Dans ajassî, s'accroupir, la finale i est le produit de la gutturale de jacere. Il est probable que c'est par analogie avec ces verbes, qui se ter- minent régulièrement en î, que peu à peu l'usage s'est introduit de terminer de même tous ceux qui sont précédés d'une sifr fiante.