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FELIBRIGE 207
Tal, auven lou tounedre, un renc de cabotz lampa;
Sa Jouiousa... autrescops, sa Trista mantenen !
Charlemanha s'escrida, e brandis soun espaza;
Pueis ajan una croutz fâcha d'una topaza,
Estrenad'Adrian, que porta journ e nueg,
La baisa, e sangloutis... Emmah li dis ; « Anueg
« Es vostre pus bel journ, e vous puratz, oh paire !
« Avisatz ! lou Norman fila coum'un esclaire !
— « Ai razou de gémir, e gémirai souven !
« Si lou Norman pénétra en Fransa, ieu viven,
« Goissi pacientara, can serai dins la toumba?
« Ghadun ve far soun fais ad un aubre qui toumba. »
ce monde détale ! tel, entendant le tonnerre, un banc de cabots prend la fuite !
Sa Joyeuse, ou plutôt sa Triste maintenant...
Charlemagne s'exclame,et brandit son épée; puis tirant une croix faite d'une topaze
cadeau du pape Adrien, qu'il porte nuit et jour, il la baise, et il sanglote... Emma
lui dit : « Aujourd'hui est votre plus beau jour, et vous pleurez, ô père ? Regardez ! le
Normand file comme un éclair ! — J'ai raison de gémir, et souvent je gémirai ! Si le
Normand pénètre en France, moi vivant, comment patientera-t-il, lorsque je serai
dans la tombe? Chacun vient faire son fagot à l'arbre tombé. »
30 décembre 1882.
LI TRESBÈU MEISSOUNIB .
i
Liblad soun bè:i madur, lou gran sort de l'espigo : pôu, uno
nèblo, li brusi, un vent lis espôussa, uno grelo lis afoudra.
Li meissounié soun rare, o, tan vau dire, n'en passo ges. Sus
la porto dôu mas es planta lou mèstre, emé li bras en crous, e
l'inquietudo sus la caro.
LES TROIS BEAUX MOISSONNEURS
Les blés sont bien mûrs, le grain sort de l'épi: un brouillard peut les dessécher1,
un vent les disperser, une grêle enfin les abattre.
Les moissonneurs sont rares. Autant vaut dire qu'il n'en passe point. Sur la porle
du mas, le maître est debout, les bras croisés et l'inquiétude sur le visage.