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            LE SALLON DES ARTS A LYON, EN 1786                     155
des travaux pénibles, ce sexe adoré pouvait-il être exclu des occu-
pations agréables ? Peut- on se flatter de goûter des plaisirs vrais*
partout où il ne serait pas ? Ses regards sont faits pour exciter
l'émulation, pour produire même l'héroïsme. Les femmes ont dû
se plaindre de ce que l'on n'a rien fait pour leur instruction ; si nos
collèges leur sont fermés, ouvrons-leur nos lycées. N'ont-elles pas
des enfants à élever, un esprit à nourrir, une santé à conserver ? »
   N'est-ce pas là un curieux passage, et le digne chevalier ne
fut-il pas prophète il y a cent ans, lorsqu'il réclamait, « pour le
sexe adoré, » les vierges bachelières, les femmes médecins, et les
lycées de filles ? Gomme nous avons marché ! Monsieur le cheva-
lier! comme nous avons couru! Mais est-ce bien là le but que
rêvait votre respectueux enthousiasme, et avons-nous marché
selon la devise du grand pédagogue du seizième siècle : « De bien
en mieux ? »
   Mais il ne s'agissait pas des femmes seulement ; une pensée plus
pratique avait réuni les esprits et les aptitudes diverses qui réali-
sèrent l'idée-mère du Sallon des Arts.
    « Dans un établissement formé par des citoyens qui ont tant à
cœur l'avantage de cette ville, on doit s'attendre à ce que rien ne
sera oublié de ce qui peut concourir aux succès de ses manufac-
tures et de son commerce. Ainsi, dans la chimie, on s'attachera
aux moyens de perfectionner les teintures et la préparation des
soies. Dans la géographie, on décrira les productions des divers
climats, et les rapports du commerce entre les nations. Dans la
botanique, on indiquera les plantes qui peuvent enrichir notre sol
et suppléer aux plantes étrangères que l'on fait venir à grands
frais ; dans les mathématiques, on fera connaître l'art de simplifier
lecalculdes opérations journalières du commerce, d'y porter plus
d'ordre et de lumière, de former les spéculations étendues avec
plus de certitude, de prévoir par les combinaisons et les probabi-
lités le sort des effets publics et celui des grandes entreprises ; la
mécanique offrira les moyens de simplifier les métiers, d'exécuter
à moins de frais les étoffes nouvelles. Enfin toutes les inventions
de l'industrie viendront tour à tour offrir à nos concitoyens des
connaissances utiles et des délassements qui sont les plus dignes
d'eux. »