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126                      LA REVUE LYONNAISE
qui auraient pu prendre part à l'entrevue), il fit donner l'ordre au
jeune homme de venir. »
   Il dit également dans une lettre à Atticus, 15, 16 :
   Hsec loea venusta sant abdita certe et si quid scribere velis,
àb arbilriSf libéra.
   « Ces lieux sont agréables, retirés du moins, et exempts d'im-
portuns si l'on veut écrire. »
   Quant au passage suivant du prologue de YAmphilrion, de
Plaute :
   Ita huio facietis fabulœ silenlium ; itaque xqui et justi hic
eritis omnes arbitri ; il faut certainement le traduire par: « Vous
prêterez ainsi l'oreille à cette pièce et vous serez tous des juges im-
partiaux et équitables. »
   Ces citations ne laissent pas de doute, je crois, sur la nuance
d'idée toute particulière qui s'attache au mot arbiter, quand
il semble correspondre le mieux chez les anciens auteurs au sens
de notre mot témoin.
   Indiquerai-je une troisième et dernière objection d'un ordre
tout technique? Arbiter serait-il véritablement en rapport étymo-
logique avec le verbe beto ou bitoprécédé de ar, qu'il ne pourrait
en dériver directement, tant à cause delà quantité de lavoyelle radi-
cale i, longue dans bito et brève dans arbiter, qu'en raison de la
forme finale de ce dernier qur ne pourrait guère être, dans l'hypo-
thèse en question, que arbiter1.
   Bref, l'étymologie proposée n'est satisfaisante à aucun point de
vue.
   C'est qu'effectivement elle est inexacte. Arbiter n'a rien de com-
mun avec bito, et le sens primitif en est, non pas celui qui s'ap-
proche, mais celui qui commande, qui dispose de, qui agit à sa
guise. C'est ce sens-là qui est resté si visible dans notre adjectif
arbitraire et l'expression libre arbitre; c'est le seul ou à peu près
qu'indique l'usage des mots arbilrium et arbilratus, et qui pré -


  * Aussi les savants cités plus haut supposent-ils que bito et arbiter viennent d'une
racine commune, mais d'une manière indépendante l'un de l'autre ; ce qui achève
d'enlever à leur hypothèse ce qu'elle aurait de spécieux si l'on pouvait croire à
l'étroit rapport des deux mots.