page suivante »
96 LA R E V U E LYONNAISE Quoique la journée du lundi ait déçu quelques projets de ses organisateurs et que la pluie se soit obstinée à remplacer le beau soleil sur lequel on était en droit de compter, nous sommes heureux de constater que son succès a été très grand. A midi, déjeuner offert par le Comité de Saint-Raphaël aux Félibres. Là en- core rélémentféminin était brillamment représenté. Aussi M. le préfet du Var, dans un toast plein d'esprit et d'à -propos a-t-il porté la santé des dames qui ve- naient si heureusement accroître le charme de ce banquet. Mistral prononce un de ces discours éloquents dont il a le secret, à Saint-Raphaël, ange de la clarté et du beau soleil, et M. le maire de Saint-Raphaël porte un toast très applaudi au félibrige et à M. Michel qui, le premier, a eu l'idée de la réunion de Saint Ra- phaël. Après le repas, séance au Cercle des Chasses, où Mistral dit lou Bastiinen, la chanson di Bon prouvençau, le chant populaire de Marioun où l'on entend MM. Michel et Roumieux dans diverses poésies du Plasquet et de la Rampelado, et ou applaudit tout particulièrement M. Marin, de Marseille, un félibre à l'ima- gination vive et ardente, jeune poète du plus grand avenir, et M. Mariéton, un Lyonnais, poète et érudit, qui manie également bien les langues française et pro- vençale. Il rappelle le souvenir d'Aubanel avec son beau sonnet La Sereno et présente le nouveau félibre Jose'phin Soulary, récitant sa Villanelle réaliste. Le soir, une grande réception donnée par M. le maire de Saint-Raphaël et M me Félix Martin dans leur belle villa des Cistes réunissait une brillante société. Les aimables hôtes avaient eu l'idée excellente d'inviter les dames en costumes provençaux. Aussi le bal présentait-il l'aspect le plus pittoresque qu'on put imaginer. Nous citerons au hasard: M n,a H. Guillibert et Mlle de Villeneuve, M mo Roussel, de Marseille; Mmes Euvrard et Usslaub; M rao la marquise de P e - russis; M m e Léon Bouyer; M me la comtesse d'Arnoldi, en superbe costume slave, que la gracieuse auteur de Natacha porte avec l'élégance et la distinction qui caractérisent sa race; M m c l a comtesse de Chambrun; M"» Badaroux, M l l e de Foresta; M m e Lagrange. Et du côté des messieurs : M. Félix Martin, en costume provençal du siècle dernier, M. Ravel en Vincent de Mireille, M. Euvrard en pescadou, M. le colonel d'Arnoldi M. le comte, d'Ormesson, M. le marquis de Perussis, M. Léon Bouyer, un grand nombre de personnages de la colonie. Mistral manifeste à plusieurs reprises son émotion et sa joie à la vue de cette gracieuse restitution des costumes de son p a y s ; avec une bonne grâce char- mante, sur la demande de la maîtresse de la maison, il chante cette saisissante composition de La Comtesse, dans laquelle il a mis toute son âme de poète. Au milieu de la nuit arrivent les six tambourinaires. Ils entrent gravement dans les salons des Cistes et jouent une entraînante farandole dans laquelle dan- seurs et danseuses s'unissent dans une chaîne aux replis sans fin. Le lendemain, Mistral, accompagné de MM. Michel, Lieutand et Mariéton, s'est rendu à Valescure, dont il a admiré les sites pittoresques et la création grandiose, et de là à Fréjus où un banquet leur a été offert. DE VALDOTTE.