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— ii9 — CHRONIQUE DE LA CURIOSITÉ Le troisième trimestre de l'année marque toujours une reprise d'activité à l'Hôtel des ventes resté en léthargie pendant les mois d'été. Aussi de nombreuses ventes se sont succédées, mais nous n'en signalerons que deux, particulièrement intéressantes. La première fut la vente de la bibliothèque Loewengard. M, Loewengard, consul d'Allemagne et industriel considérable était, avant la guerre, un personnage notable à Lyon. Il avait fait bâtir sur le Parc une très grande villa du style munichois le plus pur. Il y avait accumulé des meubles pour lesquels l'or avait été semé à pleines mains... Passons. Il avait également formé une bibliothèque somptueuse. Nul doute qu'il n'ait jamais lu un seul des livres qui décoraient sa bibliothèque : mais combien des bibliophiles sont ainsi... En tous cas, le coup d'ceil était vraiment très bien et on avait l'impression en entrant dans la bibliothèque — comme d'ailleurs dans les autres pièces — d'être chez un monsieur calé. C'est sans doute ce qu'il désirait. M. Loewengard avait acheté d'abord ce qu'il était séant d'avoir quand on voulait passer pour un homme de goût : les livres illustrés du xvm e siècle, puis tous les livres contemporains, ceux-ci, avec gravures en plusieurs états. Les reliures allaient de pair: telle qu'elle était, cette bibliothèque était tout de même très intéres- sante, et le chiffre réalisé par la vente —260.000 francs — répond bien à la valeur des livres vendus. On ne retrouvera pas avant longtemps un tel ensemble de livres et surtout de si belles reliures. Voici les principaux prix réalisés : Parmi les livres illustrés du XVIIIe siècle : le Décaméron de Boccace, 5 vol., 1757-1761, avec vignettes de Gravelot, reliure ancienne, 4.000 francs; les Baisers de Dorât, 1770, figures d'Eisen, reliure moderne, 2.700 francs; les Fables nouvelles de Dorât, 1773, vignettes de Marillier, reliure moderne, 1.900 francs; les Chansons d& Laborde, 1773, 4vol. reliés en veau