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70                           BIBUQGUABHIE

dérées sous le nom de Lyon ; il les faut, surtout dès les débuts, pour
échapper à l'interprétation basse, étroite ou moqueuse des pharisiens
coudoyés chaque jour.
   A mi-côte est écrit, dans un style bien personnel, clair, précis, plein
de pensées encore plus que d'images. Comme il est convenu, dans ce
genre-là, l'auteur ne doit pas éviter un mot trivial, si ce mot exprime
mieux sa pensée, il ne doit pas non plus se priver 4e néologismes,
mots composés, etc. L'on est déjà habitué à cette manière d'écrire et
l'on peut sourire lorsque ces inventions sont drôles comme l'adjectif
« alléluiatique », ou comme le verbe « arc-en-cieler » ; et pourtant ne
faudrait-il pas qu'un écolier soit bien coupable pour être condamné à
conjuguer le verbe « j'arc-en-cielise » ?
    Les paysages sont traités en artiste ; ils sont pleins de sentiment, ces
 petits croquis, tracés avec l'acuité du terme choisi, ou aquarelles
 d'épithètes inattendues. C'est à Fourvière, sur la sainte colline, que
 Georges se promène de préférence avec son ami Chaudier et ils errent
 souvent « au hasard des routes solitaires bordées de couvents, dont les
 murailles grises faisaient planer, sur le chemin le calme de leurs clôtures
 conventuelles, encadraient des portes toujours fermées que surmontaient
• des croix, des; statues de la Vierge, des Enfant Jésus soutenant la boule
 du monde, puis s'interrompaient de temps en temps sur des échappées
 de vie irréelle, des clochers, des méandres de fleuves laiteux, des
 épandues lointaines de plaines violettes donnant l'illusion de la mer. »
   La cathédrale et le quartier Saint-Jean ne sont pas oubliés et ce sont
de bonnes pages qui leur sont consacrées, par l'auteur ne traversant pas
la Saône et ne voulant point voir Fourvière de la place Bellecour.
   Qui donc dira les aspects multiples et variés des deux fleuves
et des deux collines, qui donc peindra la splendeur de la ville vue du
quai des Brotteaux, la morosité des maisons trop hautes, la tristesse
grelottante des carrefours d'hiver, la poésie rétrospective du quai Saint-
Clair et le merveilleux panorama qui s'étale autour du pont de la Guil-
lotière ? Nul mieux qu'Esquirol ne le fera, il vient dé donner un gage,
et, déjà'peut-être, il a tracé, pendant ses nuits fécondes, les meilleures
pages d'un second romain lyonnais.
  Qu'il, en soit ainsi, et nous le couronnerons de lauriers et de lis —
pas de myrtes ; A mi-côte, promet autant qu'il a donné.

                                              F. BREGHOT DU L U T ,