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122                   VIEILLES CHOSES




                           L'ANÉE


   C'était autrefois une mesure de liquides et de grains.
Aujourd'hui elle ne s'emploie plus que comme mesure de
vin. L'ânée est une cenpote, soit 105 à 106 litres. « Ma
vindême a fait beaucoup d'abondé cette année, dira un bon
propriétaire. J'ai-t-ayu trente ânées et l'ouillage. »

                  Nutron vin ne vaut l'anèya
                  Que six vingt sous bien sovant.

Ce qui prouve que, en 1785, époque de la chanson deRé-
verony, la vigne ne connaissait pas le phylloxéra. Pour six
francs, boire plus d'un hectolitre! Dieu, le bon temps!
   Cochard, dans son Dictionnaire, dit que l'ânée de grains
était de six bichets. Il avait vécu au xvm e siècle, il avait
l'habitude de la précision et l'on peut tenir son renseigne-
ment pour exact. Il est d'ailleurs d'accord avec du Cange,
qui explique de plus qu'à Lyon il y avait deux sortes d'ânées,
l'ânée ordinaire et bourgeoise, qui était de six bichets, et
l'ânée des marchands grainetiers, qui était de sept bichets. Il
rappelle à ce propos que le bichet lyonnais était de soixante
livres.
   D'après le calcul du blé en poids moyen, l'ânée bour-
geoise aurait été de 120 à 140 litres, et l'ânée marchande
de 147 à 168 litres. Mais si Ton s'en rapporte aux indica-
tions fournies par Cotgrave, qui vivait dans la première
moitié du xvn e siècle, l'ânée bourgeoise, d'après les mêmes
calculs en poids, aurait été de 147 à 168 litres, et l'ânée
marchande de 171 à 19e.