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                     ES' AUTOMNE                         407



O vous tous qui, lassés parfois, sentez votre âme
Fléchir sous le trop lourd fardeau quotidien,
Frères, cœurs maladifs que l'existence entame,
Qui voyez le Temps fuir, et n'en attendez rien :
Quittez les vains tracas dont les villes sont pleines,
Venez jouir en paix de Varrière-saison,
Pendant que le soleil brille encor sur les plaines
Perçant le voile épais recouvrant l'horizon.

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                          * *
Devant l'immensité des campagnes mourantes
Dont le sol est au loin, de brouillards imprégné,
Amis, tout en pensant que vos âmes souffrantes
Et vos esprits d'angoisse ont bien souvent saigné,
Qu'il se fait tard et que la réalité blême
De rêves a jonché le chemin parcouru,
— Tel l'amas jaunissant des feuilles qu'un vent sème ; —
A ce dernier rayon dans le ciel apparu,
A son chaste baiser, à ses tièdes caresses,
Vous vous direz que si les Espoirs enchanteurs
Ont fui comme l'Amour et ses pures ivresses,
Il est parfois aussi des jours réparateurs,
Où la nature est bonne, où fait trêve l'épreuve.

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Et vous saurez alors qu'aux champs l'on peut guérir
Son cœur et se refaire une âme toute neuve :
Car on y vit tranquille avant que de mourir.

                                Pierre de   BOUCHAUD.