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SOUVENIRS DE LYON 29 paternelle. Du haut en bas de la hiérarchie (5), les droits s'exerçaient sans bienveillance. Les membres du Conseil général des hôpitaux traitaient de haut le service médical et il était même de règle de ne jamais nommer un médecin membre de ce Conseil, où cependant sa présence aurait pu être utile (6). M. Jacquier, administrateur du service de l'intérieur de l'Hôtel-Dieu, homme peu aimable, rendait la vie assez dure aux internes. Le chirurgien en chef, M. Janson, et son second, M. Mortier, étaient vis-à -vis de ces mêmes in- ternes d'une raideur glaciale; à peine leur adressaient-ils la parole pour les besoins du service. Ceux-ci, en retour, avaient les mêmes procédés pour les étudiants externes, lesquels de leur côté se vengeaient par des critiques mal- veillantes et souvent calomnieuses. Enfin, c'était partout entre les classes une indifférence, une hostilité, un échange de malveillance : chacun rendait comme il le pouvait ce qu'il avait reçu. C'était alors le beau temps de l'opposition générale et réciproque, politique et classique; les petits contre les moyens, les moyens contre les grands. Le pou- voir s'exerçait comme une revanche et même une ven- geance (7). (5) C'était une hiérarchie sans compensation, différente de celle qui existait dans l'ancien régime. (6) Après la révolution de 1830, cet interdit fut levé. Depuis cette époque, il y a toujours eu un ou plusieurs médecins [dans le Conseil général des Hôpitaux de Lyon, qui même a été plusieurs fois présidé par l'un d'eux. (7) Mais, vues à distance, les choses changent d'aspect. Les quinze années de la Restauration furent, à tout prendre, un temps de paix, de sécurité et de prospérité. Le commerce était florissant, les finances