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D'APRÈS M. CHARLES MAURRAS 21 « vers, mais « en regrettant fort », ajoute-t-il, « que la nê- « cessité defournir un exemple ait obligé d'employer ce rythme « maigre pour un sujet sur lequel aurait si bien roulé la « vague des alexandrins... » « Voilà , par tous les dieux et toutes les déesses ! qui ré- « sume à merveille l'art poétique lyonnais ! Clair Tisseur « a écrit un poème de quatre-vingt-cinq vers décasylla- « biques dans le seul esprit de montrer le parti que l'on « peut tirer d'un rythme, d'une forme d'art, et pour le seul « plaisir de l'expérience, puisque le sujet, et l'idée, il l'avoue « bien, n'appelaient que l'alexandrin! Ah! si les idées sont « vivantes et si elles siègent en cercle, ainsi que le croyait « Platon, au-dessus du monde, celle que Clair Tisseur a « meurtrie de la sorte en la pliant malgré son vœu à un « rythme ennemi, cette idée ne pourra manquer de se « venger un jour et de /aire sentir au sacrilège sa dou- « leur... » « Mais voici que je prête à mon Pseudo-Plutarque une fureur bien violente et d'ailleurs trop injuste. Ce bio- graphe que je comptais imaginer impartial et ingénu, luge sévèrement un poète des plus parfaits, sur une de ces bagatelles qu'il est bien permis de tenter en manière de distraction. Je veux expier cette erreur en citant un frag- ment de M. Tisseur. Rien ne saurait mieux exprimer la tendresse, la grâce exquise de ces poètes Lyonnais, dont il serait peu généreux d'exagérer quelques travers. Et ces travers ne sont-ils pas liés aux qualités les plus originales de leur sang? Travers ou qualités, c'est par là que notre admirable unité française pourrait, si on le voulait bien,