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               D'APRÈS M. CHARLES MAURRAS                  19

« tant de sonnets tissés avec préciosité et tout filigranes
« des correspondances platoniciennes, font penser aux
« meilleurs travaux du Lyonnais. Poésie passive et méca-
« nique sans doute, et qui en pratique, équivaut à la poésie
< réaliste, puisqu'elle ne possède pas son principe de mou-
 f
c vement, mais poésie ingénieuse, subtile et méritoire et
 e
« qui n'était pas sans valeur! La preuve en est qu'elle
« fleurit dans l'esprit des Celto-Galates, peuple poli aux
« lettres, depuis les jours où le demi-Lyonnais Alphonse
« Daudet, rabotait les strophes de ses Amoureuses sur
« l'établi aux rimes » de la rue de Tournon, jusqu'à la fin
« du « règne » littéraire d'un autre jeune Lyonnais,
« M. Charles Morice, celui qui appela M. Mallarmé « la
« conscience vivante » de sa génération. Pendant vingt
« ans et plus, la conception de la poésie se réduisit à l'art
« demenuiser des rimes ou de tisser des rythmes sur un
« métier un peu moins simple que celui de Jacquard.
« Quelques-uns se plaignaient que cette idée fût une peste ;
« d'autres, bien au contraire, la vantaient comme la plus
« belle trouvaille de l'esprit nouveau. Mais les uns et les
« autfes négligeaient d'en rapporter l'honneur au pays
« lyonnais.
   « Jean Tisseur mourut en 1883. Ses frères Alexandre et
« Clair firent en 1875 une édition de ses œuvres rythmées.
« Enfin, quatre ans plus tard,Clair Tisseur voulut bien se
« résoudre à recueillir dans un volume ses propres poèmes,
« dont plusieurs égalent et même surpassent ce que l'école
« lyonnaise a donné de meilleur. Pauca Paucis, tel est le
« titre de ce livre qui, tiré à très peu d'exemplaires, devint
« en peu de jours a peu près introuvable hors des grandes
« bibliothèques de la nation celto-galate. Le propre de sa
« poésie est la limpidité, la douceur, la grâce légère, mais