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20 L'ÉCOLE LYONNAISE « cela n'empêche point cet auteur d'être un sévère Lyonnais. « Tout l'héritage de ses frères pose sur ses épaules, et ne « les fléchit point; et, encore qu'il y ajoute par une espèce « de défi, il semble avoir plus de vigueur et d'alacrité que « Barthélémy et que Jean. La plaisanterie lyonnaise, le « calembour et le patois du Lyonnais, choses bien dignes « assurément d'être recueillies et gravées, ne lui pèsent pas « plus que le platonicisme et le canutisme natals. Il est « plus attentif encore que ses frères et que Laprade lui- « même à puiser et à boire tout le germanisme que peuvent « lui rouler les ondes du Rhône, et il accomplit de la « sorte la mission de Lyon qui est, dirait-on, d'arrêter, et « de « dénaturer » toute infiltration barbare à l'entrée du « pays des Celto-Galates. « Porte d'or et de soie du midi, » « écrivait Roumanille, et l'on n'a rien dit de Lyon qui eût « plus de justesse, si l'on veut entendre par le midi toute la « France. « Il faut d'ailleurs louer M. Tisseur du goût exquis dont « il a su modérer en lui la veine germaine. Il y a ouvert « son esprit, mais il y a fermé ses vers tout d'inspiration et « de sens helléno-latins. Et l'on verra [le profit qu'il a su « tirer pour sa pensée de la philosophie et de la prosodie « barbares dans les Modestes Réflexions sur l'art de versifier, « qu'il publia en 1893, chez Bernoux et Cumin, l'éditeur « lyonnais. On pourra y trouver encore de vifs témoi- « gnages de son culte pour sa patrie. L'Ecole lyonnaise y « est invoquée comme une sorte de juridiction sans appel; « c'est une Cour suprême et presque un concile infailli- « ble : « J'ai vainement cherché un décasyllabe dans « l'œuvre de Jean Tisseur. » dit-il, et cela crée dans son « esprit un méchant préjugé et une forte défiance à l'endroit « du vers décasyllabique. Toutefois, il essave d'utiliser ce