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464 JEAN BONNASSIEUX Le Puy, la maternité puissante et dominatrice de celle qui règne par son fils sur le ciel et sur la terre; à Saint-André de Tarare, l'Enfant étend les bras dans un mouvement plein de grâce; à la chapelle des Étudiants, de Saint-Sul- pice, il s'incline avec abandon vers son jeune auditoire. Bonnassieux a traité vingt fois le même sujet sans se répéter jamais. On étudiera surtout dans cette partie de son œuvre quelques-unes de ses qualités les plus hautes : la souplesse du talent, la naïveté de la composition et de l'exécution unie à une science profonde de toutes les ressources du métier, un modelé ferme et précis, une distinction simple et sans recherche, et tout cela mis au service d'une tendresse toute religieuse; on sent que toutes ces Vierges ont passé parle cœur de l'artiste avant d'arriver à son ciseau. Bonnassieux a publié un Album où il a réuni douze de ses Madones les plus belles (9) 'pour « montrer, une fois de plus, que la Vierge avec l'Enfant Jésus constitue le programme le plus inépuisable et le plus heureux qu'un artiste puisse désirer. » Mais après quelles hésitations il s'est décidé à cette publication! Comme il a peur qu'on ne l'accuse de faire de la réclame ! C'est une « petite collection gravée très simplement et sans prétention, et offerte de même au public, » ou plutôt à quelques amateurs indul- gents. Il revient souvent dans ses lettres sur la même idée : « Il ne vaut pas la peine de parler de cette collection toute modeste, de ces gravures très simples et ne visant nulle- ment à l'effet. » Bonnassieux est là tout entier, avec son excessive défiance de lui-même. (1) Douze statues de la Vierge, pat ]. Bonnassieux, membre de l'Ins- titut, gravées par Dubouchet et Audibran, Paris (Firmin-Didot) 1879, — Cet album n'a été tiré qu'à 500 exemplaires.