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                        JEAN BONNASSIEL'X                          463

il a vu dans ce groupe une image du Crédit, « qui se refuse
à celui qui penche vers la ruine et s'offre à celui qui s'avance
vers la fortune. » C'est trop spirituel, et cet excellent Bon-
nassieux est bien innocent de cette petite épigramme. Ce
qu'il y faut louer sans restriction, c'est une composition
savante quoique très simple, un équilibre parfait, la légèreté
du ciseau, le mouvement aisé du marbre, et une chasteté
qui sait revêtir la nudité même de décence.
    Cependant Bonnassieux restera surtout connu par ses
Madones. Il les a semées sur tous les points de la France;
mais le Lyonnais et le Forez ont gardé les plus belles. Si la
statue colossale de Noire-Dame de France, au Puy, est son
Å“uvre populaire, il n'a rien fait de plus exquis que Notre-
Dame de Feurs, de plus profond et de plus émouvant que
cette pathétique Maler dolorosa de la Madeleine de Tarare,
pudiquement ensevelie dans sa robe de deuil, et les yeux
abîmés dans la contemplation de la couronne d'épines. A
Wimile, il s'inspire d'une antique légende; à Feurs, le style
sévère d'une église gothique lui donne l'idée d'une simpli-
cité touchante, qui réduit pour ainsi dire l'art à la pensée
pure. Ainay, c'est la pudeur méditative et recueillie ( 8 ) ;


dans ce chapitre, rapporte en ces termes l'opinion de M. Guillaume
sur le groupe des Heures : « L'artiste "y a appliqué tout bonnement,
tout naïvement, les lois de son art; il s'est dit que son œuvre devait
faire partie intégrante de la paroi à laquelle elle appartenait, sans cher-
cher à valoir égoïstement par elle-même; pas le moindre coup de
pouce, aucun de ces artifices par lesquels les artistes essaient de donner
plus de relief à leur œuvre, afin de lui créer une sorte d'indépendance,
et d'attirer ainsi plus sûrement sur elle l'œil des curieux, etc. »
   (8) Voy. sur YImmaculée-Conception d'Ainay, un bon article de
M. l'abbé J. Roux dans la Revue du Lyonnais, nouv. série, t. II, p. 436.
— Cette statue est mal éclairée.