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64         HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET

que de niaiserie, et je vous garantis que nous ne mourrons
pas comme elle. La garde nationale va donner une bonne
leçon à M. Guizot. Le roi a l'oreille fine, il entendra raison
et cédera à temps (9). »
    Enfin les opposants les plus avancés, les républicains,
M. Louis Blanc, M. Marie, pensaient de même. M. Louis
Blanc déclarait qu'on ne pouvait exposer le peuple à être
écrasé comme il le serait inévitablement. « Si vous décidez
l'insurrection, s'écriait-il, je rentrerai chez moi pour me
couvrir d'un crêpe et pleurer sur la ruine de la démocra-
tie (10). » « Personne, dit M. Marie, ne voulait de révolu-
tion ; il n'y avait aucune préparation dans ce sens (11). »
   Le roi de Belgique, Léopold, gendre de Louis-Philippe,
se montrait plus clairvoyant que son beau-père et que tout
le monde. Il disait alors, en effet, au duc régnant de Saxe-
Cobourg : « Mon beau-père sera sous peu chassé comme
Charles X. » Et il ajoutait : « La catastrophe éclatera
inévitablement en France et par suite de cela en Alle-
magne. »
   Chose singulière, certains républicains, se sentant sans
prestige sur l'armée, firent des ouvertures au prince Louis
Bonaparte qui se trouvait alors en Angleterre, et l'avertirent
de se tenir prêt à passer en France au premier signal (12).
Ils préparaient déjà, comme d'habitude, le retour de
l'Empire.
   Le soir du 21 février 1848, tout était prêt pour une
répression vigoureuse ; l'armée devait prendre position le


  (9) P. 403, 404-
  (10) P. 418.
  (11) P. 405, note.
  (12) P. 405, 406.