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PHILIPPINE WELSER 20 3 de Burgaut, enfants du dit archiduc, et d'une concubine de la ville d'Auguste, fille d'un marchand, de laquelle ayant eu ces deux fils et non autres, il l'espousa pour les légi- timer; et cette mesme année la dite famé est trespassée. Toute la cour en porte encore le deuil. Leur service fut à peu près comme de nos princes ; la salle estoit tendue et le dais et les chèses de drap noir. Le cardinal est l'aîné, et crois qu'il n'a pas vingt ans. Le marquis ne boit que du bouchet (hipocras fait d'eau, sucre et canelle), et le car- dinal du vin fort meslé (d'eau). Ils n'ont point de nef (boîte où se met le couvert des Princes et des Rois), mais sont à demourant (découvert), et le service des viandes à nostre mode. Quand ils viennent sesoir (s'asseoir), c'est un peu loing de table, et on la leur approche toute chargée de vivres ; le cardinal au-dessus ; car leur dessus est tou- siours le costé droit (26). » L'archiduc Ferdinand avait eu pour Philippine une fidé- lité rare dans les Cours au seizième siècle, il ne put cepen- dant supporter un long veuvage. Moins d'un an après la mort de Philippine, il chercha à se remarier; et au bout de deux ans, au mois de mai 1582, il épousait Anne-Catherine de Mantoue, fille de Guillaume de Gonzague, duc de Mantoue. S'il avait*eu pour but d'avoir des fils qui, nés d'un mariage princier, auraient pu succéder à ses Etats, il fut trompé dans son espérance, car de ce second mariage il n'eut que des filles (27). (26) Journal de voyage, de Montaigne. T. I=r, p . 165-166.) (27) Anne-Eléonore (26 juin 1583), qui mourut à l'âge de six mois, le 15 janvier 1584 ; Marie (16 juin 1584), qui mourut religieuse, et Anne (6 octobre 1585), qui épousa son cousin, l'empereur Mathias. (HIRN. II. 450-458).