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JEAN BONNASSIEUX 465 Bonnassieux n'a guère moins excellé dans la sculpture historique. Le buste, genre un peu ingrat, de ressources restreintes, lui valut quelques-uns de ses premiers succès. Qui n'a vu, au musée de Lyon, son Ampère à la tête irrégulière et puissante, traits tombants, grosses lèvres, cheveux en broussailles; le buste si fin, si expressif de Legendre-Héral ; la longue tête triangulaire dedeGérando, avec le regard doux et profond du métaphysicien et du rêveur? Nous ne parlons]ici que des bustes que nous avons pu voir. Ses bustes, si achevés qu'ils fussent, n'étaient cependant pour Bonnassieux qu'une sorte de délassement dans l'inter- valle de ses grands travaux. Le groupe en bronze du Baptême du Christ, encadré dans l'élégante fontaine de la place Saint-Jean, est une de ses oeuvres les plus connues à Lyon; l'artiste a eu l'idée heureuse de mettre un Jésus tout jeune, à peine sorti de l'adolescence « encore au début du noviciat de la vie », en face d'un saint Jean déjà presque vieilli par les austérités. Deux ou trois des statues de Bonnassieux doivent au caractère même des circonstances d'avoir été plus remarquées : c'est Mgr Darboy tombant à la Roquette, d'une main s'appuyant aux murs de sa prison, de l'autre bénissant ses bourreaux; c'est le Père Caplier gisant à terre, à demi soulevé dans un geste sublime. D'autres, beaucoup moins connues, cachées dans quelque chapelle de château, ne sont pas moins parfaites. L'artiste lui-même, si rarement content de ses œuvres, ne pouvait s'empêcher de convenir que la duchesse de Luynes, représentée couchée sur son tombeau, était un de ses meilleurs ouvrages. Le général d'Andigné est une mâle figure de héros. « Le général, accoudé sur un canon, est saisissant de grandeur et de vérité. Ce n'est pas là un modèle rapidement pétri dans N» 6. — Décembre 189a. 26