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        QUELQUES ANNÉES DU RÈGNE DE LOUIS XII!           399

Compiègne, pour adoucir en quelque sorte l'aigreur que
ses peuples pouvaient avoir contre lui par la prison de la
reine sa mère, et de toutes les rigueurs qui furent ensuite
exécutées contre plusieurs particuliers, traita un peu mieux
la reine sa femme et la voyait plus souvent : ce qui plaisait
à tout le monde car elle était fort aimée. » Richelieu, pour
la gagner à lui, fit revenir son amie, Mme de Chevreuse, de
la Lorraine où elle avait dû aller passer son exil. Les
 méchantes langues du temps ont dit que le cardinal ne
pouvait pas se décider à regarder d'un oeil sévère, et même
à ne pas regarder du tout la belle duchesse qui, sentant
son empire, promettait tout au ministre, quitte à se moquer
de lui dès qu'il avait le dos tourné. C'est si bien français
que cela doit être vrai. Chez nous la galanterie et les can-
cans font partie intégrante de la politique. La langue d'un
Français, celle surtout d'une Française demeurent difficile-
ment inactives. C'est assurément fâcheux, mais, comme
compensation à cette petite misère, un bon mot, un sourire,
une chanson nous consolent de bien des choses.
   L'heure vint bientôt pour le Garde des Sceaux et pour
ses amis de payer leurs ambitieuses espérances. Au mois
de février 1633, ils commencèrent à recevoir moins bon
visage du roi et de son ministre, enfin le 25 du même
mois,Chateauneuf fut constitué prisonnier à Saint-Germain-
en-Laye et le lendemain conduit sous bonne et sûre garde
à Angoulême où il demeura assez longtemps pour faire de
sages réflexions sur l'instabilité des choses humaines. En
même temps que lui furent arrêtés son neveu de Leuville,
le chevalier du Jars, son confident, et plusieurs autres per-
sonnes.
   Au sujet de ces arrestations, Richelieu accuse Chateauneuf
d'avoir eu des visées particulières, mais sans rien préciser.