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378                     SAINT EUCHER II

la distance qui sépare ses écrits de ceux du grand pontife
que Lyon pourrait appeler avec un juste orgueil le Bossuet
du ve siècle.
    A l'époque où les savants se croyaient obligés de lire les
Pères de l'Église, un contemporain de Luther, très favora-
ble aux Réformés et regardé de son temps comme un des
oracles de la science, Erasme, appréciait en ces termes le
mérite littéraire du premier Eucher : « Si mes jugements
ont à vos yeux quelque prix, sachez que, parmi les hommes
de notre religion qui s'illustrèrent le plus par leur élo-
quence, je n'en vois pas de supérieur à lui pour la perfec-
tion du style. Dans chacune de ses productions vous recon-
naissez un maître; l'art de persuader n'a point de secret
qu'il n'emploie avec bonheur. Son discours est ingénieux,
et cependant plein de nerf ^soigneusement travaillé, tout
en conservant une clarté parfaite ; neuf sans être jamais
entaché d'affectation; attrayant sans rien perdre de son
sérieux et de sa gravité ; orné, et néanmoins tout empreint
de piété chrétienne; d'une force, d'une ardeur si bien pon-
dérées que, partout égal et soutenu, il arrive au terme avec
une vigueur qui ne faiblit pas, marque non équivoque d'un
esprit sage et puissant (1).
    Les écrivains ecclésiastiques de tous les pays ont sanc-
 tionné de leur suffrage l'admiration d'Erasme pour le génie
 du solitaire de Léro. Aussi la critique moderne, lorsqu'elle
 n'a pas distingué les deux évêques homonymes du ve et du
 vie siècle, s'est-elle trouvée singulièrement embarrassée en


  (1) Le texte latin d'Erasme se trouve avec quelques développements
supprimés ici, en tête de YEpislola parœneticajiâ Vaterianum, biblioth.
de Lyon, 1006, in-f». — Théoph. Raynaud le cite pareillement dans
son Hagiologium lugdun. p. 5 3.