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          VIEILLES CHOSES ET VIEUX MOTS LYONNAIS                  297

                        Fai que Volen et Serpa
                        Se possen affana.

  « Christ, sauve le cep — Du melin et de la gelée, —
Fais que la faucille et la serpe — Se puissent louer (5). »

   M. Ph. Leduc trahit melin par brouillard, et M. Philipon
le rapproche de mildew; Bien que ce rapprochement puisse
surprendre, puisque le mildew est, dit-on, d'importation
 récente, il est cependant exact.
   Le nom de melin, qui existe encore en patois, s'applique
à deux maladies de la vigne : i° à une sorte d'anémie du
cep due probablement au manque de potasse ou d'acide
phosphorique dans le sol. Les feuilles sont en partie rouges,
en partie crispées et recouvertes d'un duvet grisâtre. Il n'y
a pas à douter qu'à l'origine le mot ne s'appliquât à la
rouille des céréales, puis ne se soit étendu à une maladie
de la vigne qui offrait quelque analogie apparente avec
celle des céréales. Il est identique au bolonais mtlume que
le dictionnaire de la Crusca traduit par rubigo (6) et à l'ita-
lien dialectique meligine. L'origine est germanique : allem.
mehlihau, vieux haut allem. militou, rouille du blé, littéra-
lement rosée farineuse. L'anglo-saxon meledeaw qui est,
phonétiquement, le mildew actuel, signifie miellat, exsuda-
tion sucrée qui quelquefois couvre les plantes pendant l'été


  (5) Parce que moissonneurs et vendangeurs se louent à la
journée. S'affana peut aussi signifier ici se fatiguer.
  (6) Voici la traduction du texte : « Il arrive assez souvent qu'au
temps des chaleurs, il tombe avec les rayons brûlants du soleil une
petite pluie vénéneuse, en forme de poussière, qu'à Bologne on appelle
vulgairement melume, et qui épuise les pousses de la vigne de telle
manière que le fruit est réduit à rien. »