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VIEILLES CHOSES ET VIEUX MOTS LYONNAIS 293 outil, le manche est fixé d'équerre sur la pelle afin qu'elle puisse se retirer verticalement. Les arpelleurs dont il est question dans notre texte reti- raient-ils du sable? C'est peu probable. On devait, d'ail- leurs, sur les points indiqués, rencontrer de la vase plutôt que du sable. Il est donc à croire qu'ils recherchaient dans la Saône les monnaies antiques, les fragments de vieux métal, surtout les plombs, qui s'y trouvaient en si grand nombre que, de notre temps même, un fournisseur de pierres de taille, bien connu dans notre ville, M. Derriaz, a pu, à l'aide de semblables recherches, former toute une belle collection de plombs de douane et de sceaux, qu'il fut dans le temps question d'acquérir pour le Musée. Mais ce mot est curieux en ce sens qu'il doit être iden- tifié avec celui ^orpailleur. L'orpailleur est celui qui re- cueille, au moyen du lavage, les paillettes d'or qui se trouvent parfois dans le sable des fleuves. Il n'est pas de Lyonnais ayant dépassé l'âge mûr, qui ne se rappelle comme moi avoir vu, dans son enfance, à Saint-Clair ou même au cours d'Herbouville, de pauvres diables qui retiraient du sable du Rhône, qu'ils lavaient pour y trouver quelques parcelles d'or. Mon père me disait qu'à la fin du siècle der- nier, ils étaient encore en assez grand nombre. Il y a de longues années que l'industrie est abandonnée, les recher- ches étant devenues improductives. Je n'ai pas entendu dire que de semblables recherches fussent effectuées dans la Saône, qui à ma connaissance n'a jamais charrié de l'or. Littré tire orpailleur de or, plus paille ou paillette, mais l'étymologie est erronée, car orpailleur a été formé de arpail- leur sous l'influence de or. La forme ancienne était arpail- leur, ainsi qu'en témoigne Cotgrave, qui le définit : A seller of old trinkets, or, ofold iron, or goldfiner,mot à mot un ven-