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                    A THÉOPHILE FOISSET                   285

 monde, il n'eût pas été insensible à quelque rêve de gloire,
ce qu'il appelle « la plaie des âmes nobles ».
   Mais il n'entrait pas en sa complexion la moindre fibre
féminine. Dans ces lettres écrites au commencement de la
vie, la note magistrale domine la libre détente. On y vou-
drait sentir davantage l'abandon, la chaleur familière, qui,
par exemple, caractérise les confidences de Perreyve à
Charles Perraud ; ces frémissements dont parlait Mme de
Beaumont, que suscite la sensibilité dans ses mille nuan-
ces ; en un mot l'élément tendre. Mais gardons-nous de
confondre cette sensibilité, apparentée au nervosisme,
avec la bonté, la générosité, qui dépendent beaucoup plus de
la conscience. Du jour où Lacordaire devint chrétien, qui
le connaissait put prédire, comme une conséquence natu-
relle, son désir irrésistible du sacerdoce. Peu après, en
effet, il entrait à Saint-Sulpice.
   On pouvait s'attendre à ce qu'il s'y sentirait un peu
dépaysé, non à cause de la règle ou de la claustration,
mais de l'esprit du séminaire. Sa connaissance du siècle, la
liberté de ses jugements, tendaient à l'isoler. En somme,
il avait le sentiment irraisonné de sa supériorité ; mais ni la
bonne volonté, ni la défiance de ses propres lumières, ne
lui faisaient défaut. « Je suis content de mes maîtres,
écrivait-il ; s'ils ne satisfont pas toujours mon esprit, c'est
que je suis en avance de plusieurs années sur mes confrè-
res. » Pourtant, plus loin, il ne peut contenir un aveu : « J'ai
de fortes raisons pour garder l'incognito de mes pensées. »
Comme on est touché ensuite en lisant cette simple phrase
qui lui échappe du sein de ce milieu aride, terra inaquosa :
« Quand je me rappelle deux ou trois vers de Racine, les
larmes me viennent aux yeux. »
  Ce n'est pas que l'étude de la théologie lui fût à charge,