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A UN LYONNAIS DE LYON 217 dualité. Voilà pourquoi il faut se hâter de l'étudier durant qu'il en est encore temps, en y appliquant les méthodes embryologiques. Il offre un exemple remarquable de mimé- tisme ou, mieux, des lois transformistes. C'est affaire aux habiles d'en déterminer scientifiquement (si j'ose m'expri- mer ainsi, comme dit M. Ferdinand Brunetière) les carac- tères et le processus : moi, j'y tâche. Et il n'intéresse pas seulement une monographie : il peut être fécond, j'ai idée, en généralisations intéressantes. Selon mon jugement, les sciences modernes qui se sont donné pour tâche l'histoire naturelle de l'homme n'ont point assez pris de garde 'à cette question de l'accent, de l'intonation, dans l'évolution du langage. Il y a là des décou- vertes à chercher. Que produiront-elles? Je n'en sais rien. L'accent est au langage ce que l'expression est à la physio- nomie. En admettant que ces recherches ne nous puissent amener qu'à des comparaisons plus ou moins ingénieuses et piquantes, mais plus littéraires que scientifiques, je ne me plaindrais pas qu'elles nous donnassent sur le langage un livre aussi agréablement disert que celui de M. Eugène Mouton sur la physionomie. Pour un tel ouvrage, il faudrait encore plutôt un psycho- logiste qu'un linguiste, ou quelqu'un qui fût les deux : j'en- tends un vrai psychologiste de profession, et non point un amateur comme, si vous voulez, M. Paul Bourget. Na- guère, dans sa belle leçon d'ouverture, en Sorbonne, M. Th. Ribot s'étonnait « que la plus précise entre toutes ces études, celle qui se rapproche le plus des sciences natu- relles, la linguistique, n'ait pas été plus souvent mise à pro- fit par des hommes à la fois compétents et doués du sens psychologique ». Ceci me confirme dans ma proposition, sans que je sois empêché toutefois de reconnaître, en y