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                         PEINTRE LYONNAIS                          l87

   Les Flandrin avaient quitté Lyon pour Paris. Dumas
continuait ses études avec ténacité. Il obtint plusieurs
récompenses, mais non le laurier d'or (1) si convoité. Pour
réussir, en effet, dans les concours des écoles, il faut faire
vite et bien, et Dumas avait besoin de temps pour faire bien.
   Il avait appris avec joie le beau succès d'Hippolyte Flan-
drin, qui venait de remporter le prix de Rome. Le désir lui
vint de suivre, au moins de loin, les traces de son cama-
rade. Il partait pour Paris en 1834, la tête et le cœur pleins,
mais les poches à peu près vides.
   Il entra aussitôt à l'atelier de M. Ingres, où se trouvaient
plusieurs jeunes Lyonnais. Il fut bientôt cité comme an des
élèves les plus laborieux. Il a toujours dignement apprécié
l'honneur et le bonheur d'être l'élève de M. Ingres, qui lui
prodiguait de son côté les plus chaleureux encouragements.
   Mais, dans cette même année 1834, le maître fut nommé
directeur de l'Académie de France à Rome, où Hippolyte
Flandrin habitait, déjà depuis un an, la villa Médicis
comme pensionnaire.
   Dumas, qui avait épuisé ses faibles ressources, se voyait
à la même époque obligé d'entrer comme aide chez M. Orsel,
avec lequel il contracta un engagement de trois ans, à soi-
xante francs par mois. Orsel avait alors plusieurs jeunes
artistes, chargés de l'aider dans sa décoration de la chapelle
de la Vierge, à l'église de Notre-Dame de Lorette.
   Donc, pendantle cours des années 1835 et 1836, Dumas
se désolait, tout triste de perdre sa jeunesse à copier d'éter-
nels plis, plus souvent d'après le mannequin que d'après la
nature, et à recommencer vingt fois le même morceau,

  (1) Le laurier d'or était le prix de la classe de peinture (Note de la
Rédaction) •